Accueil > Le Quotidien des Arts > Un nouveau musée pour l’art naïf à New York

Musées

Maquette du American
Museum of Folk Art

Architectes : Tod
Williams Billie
Tsien et Associés
© Museum of
American Folk Art,
NYC.

Un nouveau musée pour l'art naïf à New York

Un nouveau bâtiment et un changement de nom complètent la politique d’ouverture du plus important musée américain d’art populaire et naïf.

Fondée il y a quarante ans, l’institution s’intéressait alors exclusivement à l’art traditionnel populaire américain des 18e et 19e siècles. Dès 1966, le nom de « Museum of American Folk Art » (musée d’art populaire américain) a été adopté. L’intérêt pour les artistes du 20e siècle s’est développé avec le temps et la renommée du lieu. Aujourd’hui, face au choix d’élargir les collections et les expositions aux artistes contemporains américains et internationaux, un nouveau nom s’impose. Il s’intitule désormais « American Museum of Folk Art » (musée américain d’art populaire). Le déplacement de l'adjectif n'est pas anecdotique, puisqu'il indique que le musée ne se cantonne plus seulement à l'art des Etats-Unis. Pour accomplir cette nouvelle vocation, une longue campagne de financement a permis d’obtenir 31.5 millions $, dont 22 millions $, pour la construction de l’édifice.


Artiste anonyme, Rémouleur, c. 1875
Probablement Nouvelle Angleterre
Peinture sur étain
The Ralph Esmerian Gift to the
American Folk Art Museum
Photo Credit: © 2000 John Bigelow
Taylor, New York.
L’équipe d’architectes choisie pour la conception du bâtiment du « American Folk Art Museum » a récemment opéré une adjonction à l’un de ses prestigieux voisin, le Moma (Museum of Modern Art). Tod Williams et Billie Tsien sont des habitués de l’architecture institutionnelle. A leur actif, ils ont également une extension du Phoenix Art Museum dans l’Arizona (1996) et la réalisation du Neurosciences Research Center de La Jolla en Californie (1995). Un style résolument contemporain les caractérise, ainsi qu’une certaine forme de sensualité. Ils aiment utiliser une grande variété matériaux, en l'occurence, la pierre, l’acier, le verre mais aussi le bois. Le nouvel American Folk Art Museum - 3000 m2 pour une hauteur de 25 mètres - accueille une collection de 4000 objets. 500 pièces sont désormais exposées en permanence. Une façade d ‘aspect lustré et sculpté rappelle le travail manuel de l’art populaire. Sur les huit étages de l’immeuble, les quatre derniers sont occupés par les salles d’exposition, qui varient de vastes espaces en pièces plus intimistes. Les visiteurs ont accès aux différents étages par le biais de trois escaliers différents pour donner la sensation d’un voyage architectural. Sur une mezzanine, un café donne vue d’un côté sur un atrium, de l’autre sur la 53e rue. Les locaux administratifs sont en sous-sol.


Edward Hicks (1780-1849),
The Peaceable Kingdom, 1846-1848
Newtown, Bucks County, Pennsylvanie
Huile sur toile
The Ralph Esmerian Gift to the
American Folk Art Museum
Photo Credit: © 2000 John Bigelow
Taylor, New York
Deux expositions inaugurent le lieu. La première présente, pour la première fois, l'une des plus importantes collections d'art populaire américain dans son intégrité : la collection Esmerian. Elle rassemble plus de 400 peintures, sculptures, poteries et meubles peints, datant du 18e au 20e siècle. On y trouve Fillette dans une robe rouge avec chat et chien un tableau d’Ammi Phillips (1788-1865), acquis en 1984 ainsi qu’une étonnante
« girouette-statue de la liberté » réalisée à New York à la fin du 19e siècle. Le second ensemble examine l’œuvre de l'artiste autodidacte du 20e siècle Henry Darger avec 26 peintures, ainsi que des manuscrits et des livres illustrés. Une façon de mieux appréhender la mission choisie par le musée. Selon Stacy Hollander (conservatrice en chef et directrice de la programmation des expositions) : « Ces expositions inaugurales démontrent une variété extraordinaire d’expressions artistiques /.../ Elles donnent un large aperçu de l’esprit créatif humain... ».


 Laure Desthieux
11.12.2001