| Nan Goldin, Valerie et Goscho enlacés, Paris, 1999
© Centre Pompidou |
Nan Goldin, enfinEn raison des grèves, l'exposition consacrée à la photographe a été plusieurs fois repoussée. Elle est ouverte jusqu'à la fin du mois.
Après un vernissage annulé et bon nombre de jours fermés pour cause de conflits sociaux déclenchés par certains personnels du musée, mardi 27 novembre, Nan Goldin a pu enfin inaugurer son exposition. Comble de malchance, un livre que Phaidon devait éditer à cette occasion n’est pas toujours pas paru. Elle qui avait choisi de se fixer quelque temps à Paris, s’est trouvée ainsi fortement affectée par ces rendez-vous manqués avec le public. Cette exposition du Centre Pompidou qui était fort attendue et s’est donc fait désirer, est, nul ne pourra le nier, très impressionnante de par son format. Peu de photographes ont bénéficié jusqu’à présent d’un tel espace, à la fois en surface et en hauteur : les images sont accrochées sur plusieurs niveaux, à tel point d’ailleurs que l’on peut difficilement lire les légendes de la rangée supérieure ; les cimaises sont peintes dans des tons différents selon les thèmes abordés. Les corps, pour ne pas dire les chairs sont omniprésents, à la limite parfois de la saturation visuelle, certaines scènes d’amour sont très crues et bien loin du glamour de nos magazines actuels. Néanmoins, l’ensemble est ponctué de moments de calme, incarnés par des paysages et des natures mortes. Et comme l’indique la brochure distribuée à l’entrée, on perçoit une “dimension religieuse”. La présentation de l’œuvre sous forme de projections participe de cet hommage, puisque dans deux grandes salles, des audio-visuels tels que celui qui l’a fait connaître à Arles tournent en permanence.
A l’entrée de l’exposition, Nan Goldin se raconte, notamment à travers un film documentaire de la série “Contacts” produite par le Centre National de la Photographie. Les visiteurs qui ne la connaissent pas découvrent ainsi les liens qui se sont tissés avec les personnages figurant dans ses images et l’évocation de leur destin souvent tragique. Mais il ne faut pas voir dans la photographie de Nan Goldin la seule expression de sa vie, une vie incroyablement tourmentée, il est vrai, et qui exerce une troublante attirance sur le visiteur. Même si l’on trouve au début de l’accrochage des images anciennes en noir et blanc et peu connues, il ne s’agit pas non plus de la simple restitution d’un parcours : le découpage thématique permet d’aborder l’oeuvre autrement que sous l’angle chronologique. Et puis il y a aussi la découverte, ou encore pour ceux qui sont plus familiarisés avec cette oeuvre, la confirmation d’un talent en matière d’utilisation de la couleur et d’expérimentation de la lumière. Certaines compositions attirent l’oeil, probablement plus instinctives que véritablement travaillées, et invitent le visiteur à regarder aussi cette exposition sous un angle plastique.
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