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Politique culturelle

L'Europe regarde vers l'est

L'Union européenne a décidé de renforcer sa coopération culturelle avec les pays candidats.

BRUGES (Belgique), 5 déc (AFP) - Les ministres de la Culture des Quinze et leurs homologues des pays candidats réunis à Bruges (ouest) ont convenu de renforcer leur coopération culturelle, reconnaissant toutefois qu'en matière de culture l'élargissement de l'Union européenne constitue un risque supplémentaire de blocage. "Actuellement, les questions de politique culturelle de l'UE sont décidées à l'unanimité des Quinze, comme le prévoient les traités fondateurs, mais trouver une unanimité à 25 ou 27 pays, rendra quasiment impossible la prise de décision", selon un haut fonctionnaire européen. "Il faudra aménager cette règle de l'unanimité", a estimé Viviane Reding, commissaire européenne à la Culture. Bert Anciaux, ministre flamand de la Culture, s'est réjoui "de constater une volonté commune de renforcer la coopération et de l'étendre également aux pays candidats". La présidence belge retient toutefois que "la procédure doit devenir plus flexible", selon ses conclusions présentées mercredi. En matière de décision politique, "il y a déjà à Quinze des difficultés réelles, comme cela a été le cas pour le lancement du programme européen Culture 2000", a dit Mme Reding à l'AFP.

Le programme Culture 2000 de coopération culturelle, doté de 167 millions d'euros sur 2000-2004, est considéré comme "sous-financé" et avait été limité à ce niveau, faute d'une unanimité des Quinze à mettre en oeuvre un projet plus ambitieux. En revanche cette règle de l'unanimité avait permis à l'UE de défendre le principe "d'exception culturelle" qui permet que les industries culturelles, comme le cinéma, dérogent aux règles habituelles du commerce international. "Une remise en cause de l'unanimité pourrait mettre en péril la position commune de l'UE sur l'exception culturelle, surtout avec l'élargissement", selon un diplomate européen. "Les Etats-Unis veulent clairement s'appuyer sur les pays candidats pour mettre fin à ce principe et banaliser dans les échanges internationaux les industries culturelles, notamment audiovisuelles", a-t-il expliqué en rappelant l'offensive commerciale des "majors" américaines du divertissement en Europe centrale depuis cinq ans. Viviane Reding considère toutefois qu'il n'y pas de menace sur la politique de "diversité culturelle", l'appellation désormais consacrée de l'exception. "Ce principe est désormais acquis dans les négociations internationales", a estimé Christophe Forax, porte-parole de la Commission européenne. La préparation d'un nouveau programme cadre qui succédera en 2004 à "Culture 2000" a également été évoquée et devra intégrer l'arrivée de nouveaux pays dans l'UE. "Diverses délégations ont plaidé en faveur d'une discrimination positive des Etats candidats", selon la présidence de l'UE qui souligne que "les moyens sont sous-estimés, surtout pour ce qui concerne l'élargissement". Le développement de la coopération culturelle se heurte également aux grandes différences entre Etats membre sur des points-clefs comme la définition du mécenat ou les mesures fiscales liées à la création artistique. Sur ces points notamment, la Commission souligne l'urgence d'une harmonisation européenne. Pour l'élaboration d'un nouveau programme cadre qui succédera à "Culture 2000", la présidence belge s'en est remise aux prochains pays qui présideront l'UE, l'Espagne à partir de janvier et le Danemark au second semestre 2002, à qui il reviendra de "concrétiser un nouveau programme d'action pour après 2004".

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  AFP
06.12.2001