Jérôme Bosch, L'excision de la pierre de folie, panneau 48 x 35 cm © Museo Nacional del Prado, Madrid
Jérôme Bosch, La mort d'un avare, panneau 92,6 x 30,8 cm © National Gallery of Art Samuel H. Kress Collection, Washington
Jérôme Bosch, La Nef des fous, paneau 57,9 x 32,6 cm © Musée du Louvre, Paris
| | Un Bosch, sinon troisLe Musée Boijmans de Rotterdam révèle à partir du 1er septembre le monde infernal de Jérôme Bosch. Avec une révélation à la clé : la reconstitution d'un triptyque démembré.
Artiste mystérieux, Jérôme Bosch naît vers 1450 et prend le nom de sa ville natale, Hertogen’bosch, ville qu’il ne quittera pas et où il fondera sa notoriété. Une oeuvre intrigante et une documentation quasi-inexistante sur son activité artistique font de l’artiste une figure clé de l’art hollandais. Pour la première fois depuis plus d'un siècle, 18 tableaux prestigieux et 7 dessins de sa main sont rassemblés : l’Ecce Homo du Städelsches Kunstinstitut und Stätische Galerie de Frankfurt, Saint-Jean Baptiste de la Fondation Lázaro-Galdiano de Madrid, Les quatre visions de l’au-delà du Palazzo Ducale de Venise. Cette exposition est une occasion unique de confronter les originaux aux copies et d’observer les influences multiples de l’artiste à travers les âges.
L'aspect scientifique de cette étude n'est pas omis. Des analyses dendrochronologiques sur différents tableaux ont permis la reconstitution d’un triptyque dépeçé au 19e siècle par un marchand malhonnête : La Nef des fous du Louvre, L’allégorie de la gloutonnerie de New Haven, La mort de l’avare de Washington s’offrent ainsi à la vue du public rassemblées, identifiées et datées. Cette découverte remet en question les thèmes traités par l’artiste et bouleverse la chronologie de son œuvre toujours au centre de nombreux débats.
Le vocabulaire artistique utilisé par Jérôme Bosch reflète une tendance religieuse et moralisatrice à la fois. Dépassant le cadre du 15e siècle, l’exposition s’intéresse aux influences multiples de l’artiste dans notre siècle : symbolistes, surréalistes et artistes contemporains présentent leur fascination pour cet univers fantastique entre vice et vertu. Ainsi Le couronnement d’épines de la National Gallery de Londres inspira-t-il Bill Viola pour sa vidéo Le quintette de l’Étonné (1999). Citons également Pipilotti Rist, William Kentridge et bien d’autres artistes comme autant de clins d’œil au maître brabançon. Longtemps dédaigné, Jérôme Bosch peut se consoler en observant sa très prolifique descendance…
| Stéphanie Magalhaes 31.08.2001 |
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