La Scala part en banlieueComme il est de tradition, l’opéra célèbre sa première le 7 décembre, jour du saint patron de Milan, avec Othello. Avant d’aller occuper, pour trois saisons, un théâtre flambant neuf dans une ancienne zone industrielle.
| La salle du nouveau théâtre Arcimboldi |
Les travaux dans le théâtre conçu par Piermarini à la fin du 18e siècle dureront trois ans. Si tout va bien, l’institution devrait rouvrir pour la première de la saison 2004-2005. En espérant que l’opéra milanais ne soit pas frappé par le syndrome de la Fenice… Les travaux comportent deux volets. Il s’agit, d’une part, de mettre toutes les installations techniques aux normes de sécurité. Par ailleurs, les mécanismes scéniques, qui datent des années 1930, seront totalement modernisés. Aujourd’hui encore, l’essentiel des manœuvres est effectué à la main.
Il n’était pas envisageable de suspendre pendant une telle durée l’activité du temple de l’art lyrique. La Scala poursuit donc sa programmation. Plutôt que la solution vénitienne – la Fenice a été transférée dans un pavillon provisoire sur l’île du Tronchetto – la municipalité de Milan a saisi l'occasion pour doter la ville d’un nouveau théâtre. L’expérience douloureuse du Piccolo Teatro de Giorgio Strehler, dont la construction s’est éternisée sur des décennies, semble avoir servi de leçon. Le théâtre Arcimboli a été édifié dans le temps record de 30 mois.
| L'aspect extérieur du théâtre Arcimboldi |
Il a été bâti sur les terrains de la Bicocca, une ancienne zone industrielle au nord de la ville, occupée par Pirelli depuis le début du siècle. La fermeture des usines a libéré un espace de 750 000 mètres carrés. Sa réurbanisation, l’un des plus grands projets italiens des années 1980, a donné lieu en 1985 à un concours international, qui a été remporté par Vittorio Gregotti. Aujourd’hui, la Bicocca abrite des facultés de l’université de Milan, qui accueillent 30 000 étudiants, des logements, des sièges d’entreprises, les centres de recherche de Pirelli et du CNR, l’équivalent italien du CNRS. Les investissement totaux ont été supérieurs à 3 000 milliards de lires (environ 10 milliards de francs).
Le nouveau théâtre a coûté 85 milliards de lires (environ 300 millions de francs), que Pirelli a financés pour les deux tiers. Il se développe sur une surface de 6470 mètres carrés. Derrière la grande verrière du hall d’entrée, la salle comporte 2400 places, soit 500 de plus que la Scala. En forme d’éventail, elle est profonde de 35 mètres sur 49 mètres de large. La première est fixée au 19 janvier avec La Traviata. Un opéra «grand public» pour convaincre les Milanais que le bel canto peut s’écouter loin de piazza Duomo…
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