Karl Lagerfeld fait défiler ses collectionsLe couturier se sépare d'objets décoratifs des années 40 réunis quand Poillerat et Arbus n’avaient pas encore la cote…
| Serge Roche,
Paire de lampadaires en plâtre,
vers 1940
Estimation : 70 / 100 000 FF |
Voilà deux ans que la collection d'arts décoratifs du 20e siècle confiée par Karl Lagerfeld à Christie's attendait d'être mise en vente. Déposée en même temps que les meubles du 18e siècle et les tableaux anciens dispersés l'an passé à Monaco et New-York, ces 86 pièces étaient conservées pour l'ouverture des salles parisiennes de l'auctioneer. Une décision à laquelle Cécile Verdier, du département des arts décoratifs du 20e siècle, donne une double explication. « L'ensemble ne justifiait pas l'expédition des œuvres pour une grande vente à l'étranger et surtout, il répondait à la demande du marché français ». Le jour est donc venu pour cette collection qui témoigne du rôle précurseur de Karl Lagerfeld sur le marché du design du 20e siècle, rôle reconnu, si on songe que François Baudot fit appel au créateur en 1992 pour préfacer le catalogue raisonné de Gilbert Poillerat.
| Gilbert Poillerat,
Miroir en fer forgé ,1948
Estimation : 400 / 500 000 FF |
L'essentiel des lots a été collecté, il y a une quinzaine d'années, alors que les années 40 ne connaissaient pas encore l'engouement qu'on leur réserve actuellement. « Il s'agit d'une vente de décorateur, avec des œuvres très théâtrales, comme des lampadaires vénitiens, des plâtres de Serge Roche ou d'Emilio Terry, explique Cécile Verdier. Mais, il y a quelques pièces très importantes ». Parmi celles-ci, l'un des trois exemplaires connus d'un miroir en fer forgé partiellement doré à la feuille conçu par Poillerat (400 000 FF) ou un secrétaire en bois laqué à abattant en écailles de tortues d'André Arbus, dont une version gainée de parchemin figurait à l'exposition des arts et techniques de 1937 (250 000 FF). Aux côtés de cet ensemble figurent quelques meubles suédois des années 1925, pièces uniques signées Karl Hörvik et Ernst Spolen… En faisant écho ainsi à ses origines scandinaves, Karl Lagerfeld lance peut-être une nouvelle tendance sur le marché français ?
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