| Portrait en charge, 1889
National Gallery of Art, Washington |
Destins croisésJean-Luc Coatalem, journaliste, écrivain et grand voyageur, entraîne le lecteur dans une longue quête sur les traces du fascinant Gauguin.
Tout commence lors de la vente aux enchères des fonds de Victor Segalen et de documents polynésiens d’avant 1900. Parmi eux, une photographie d’une vahiné dont personne ne veut. Le frère de l’écrivain l’acquiert : ce sera le point de départ d’une quête autour du monde. Cette Polynésienne se nomme Héléna Suhas. Elle a connu Gauguin à Tahiti en 1891 et celui-ci a peint son fils mort, dans une toile intitulée Aititi, l'enfant mort. Un portrait frappant, l'enfant est jaune avec un goître. Perdue pendant un demi-siècle, la toile a réapparu après la guerre. Elle est dorénavant conservée au Rikjsmuseum Kröller-Müller. Et voici notre auteur sur l'autoroute sous la pluie en direction d'Amsterdam pour admirer cette œuvre. C'est ainsi que le peintre est entré dans sa vie qu’. Sur la chaussée mouillée, le peintre entre dans la vie de Jean-Luc Coatalem qui a lui-même passé son enfance dans une terre lointaine, la Polynésie, et en a gardé ce goût de l'ailleurs.
Le lecteur embarque dès les premières pages aux côtés de la famille Gauguin, en direction de l’Amérique du sud. Clovis Gauguin a décidé de partir après la prise du pouvoir par Louis-Napoléon Bonaparte et d’aller rejoindre la famille de son épouse au Pérou. Mais il n’arrivera jamais à Lima et décédera quelque-part au large de Punta Arenas. Paul est orphelin, mais le Pérou est une véritable terre d’asile, un émerveillement des sens. Cette enfance marquera définitivement le peintre que l’on surnommera «l’Inca». Lors de son retour, à Paris il mène une vie bourgeoise. Actif dans les finances, il réussit, épouse Mette la danoise avec laquelle il aura cinq enfants. Parallèlement à cette vie rangée, il s'éprend de la peinture et collectionne les toiles des chantres de la vie moderne. Il met parfois la main à la palette et expose au côté du groupe dit impressionniste. Mais son travail n’est pas pris au sérieux par les artistes…
Puis c’est la crise. Il perd tout et part dans la famille de sa femme, au Danemark, pour survivre. Il n’y restera pas longtemps et y abandonnera ses enfants. Le virus de la peinture l’a atteint. Il a décidé de se consacrer entièrement à son art, à son obsession. Le lecteur suit un destin tulmutueux qui nous emmène de Paris en Bretagne, de la Martinique en Arles, aux côtés de Van Gogh. Grâce à un coup d’éclat, une vente à Drouot en 1891, il peut partir pour Tahiti. Pour chacune des étapes qui marquent l'existence de Gauguin, l’écrivain retourne sur les lieux, un siècle plus tard. Dans un style entraînant, il reconstitue pas à pas une vie, qui n'était qu'une quête effrénée de la peinture et de la couleur pure.
| Magali Desautez 02.01.2002 |
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