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Expositions

Images diplomatiques au quai d'Orsay

Le château des ducs de Bretagne propose un voyage dans le temps avec 140 photographies provenant du fonds iconographique du ministère des Affaires étrangères.


Marc Ferrez, enfant indien,
Mato Grosso, Brésil, 1876
© Musée du château des ducs de
Bretagne, Nantes
En quoi cette exposition est-elle spectaculaire ?
Marie-Hélène Jouzeau, conservateur.
Ce fonds photographique n’avait auparavant jamais été présenté au public. L’itinéraire de l’exposition parle de lui-même : après Paris, Brasilia, Nantes, Bordeaux, les pièces finiront leur périple à Singapour. Ces photographies couvrent une période de 50 ans (1860-1914) durant laquelle elles accompagnent les rapports et les analyses des diplomates, des ambassadeurs ou des consuls. Il faut chercher l'origine d'une telle pratique dans la tradition des dépêches du 18e siècle, souvent accompagnées de croquis et d’estampes. L’avènement de la photographie, vers 1840, ne bouleverse pas immédiatement ce type d'illustrations. Mais vingt ans plus tard, ce nouveau moyen de représentation détrône dessins et relevés en tous genres. Les limites chronologiques de l'exposition, de 1860 à 1914, prennent en compte deux faits majeurs : la rupture historique de la Première Guerre mondiale et la collecte des fonds iconographiques par le nouveau ministère des Colonies après cette date.

Ces photographies jouaient-elles un rôle de témoignage ?
Marie-Hélène Jouzeau.
Ces travaux sont de nature diversifiée. Il s’agissait dans un premier temps de valoriser l’action de la France à l’étranger, dans les colonies ou les protectorats. La construction de ponts, les nouveaux aménagements de chemins de fer et l’élévation de la coupole du Saint-Sépulcre de Jérusalem sont autant de thèmes exploités démontrant le savoir-faire français. Le thème de la construction des canaux de Suez et de Panama revient de manière récurrente. Le second objectif de ces photographies consiste à représenter les indigènes, traités avec une certaine condescendance, à la différence des portraits de diplomates. Les paysages entrent également dans cette optique de description menée par des géographes comme le colonel Gouraud qui a réalisé de très belles vues du Brésil. Les photos à caractère ethnographique contribuent également à ces ‘’ reportages ’’ illustrant la récolte du café ou autres activités locales.

Connaît-on les photographes ?
Marie-Hélène Jouzeau.
Malgré un grand nombre d’anonymes, certains noms sont parvenus jusqu’à nous : Marc Ferrez, par exemple, surtout connu pour ses vues d’Amérique latine et auteur du Portrait de jeune brésilien portant la coiffure traditionnelle. Outre les paysages de Rio de Janeiro, d’Amazonie et de la forêt vierge, l’artiste analyse les vues urbaines. La famille Bonfis se spécialise dans les portraits officiels comme le montre le Gardien du consulat de Russie à Jérusalem. L’italien Carlo Naya travaille en Egypte et y réalise le Derviche du Caire. Citons également Gustave Le Gray et ses vues de Beyrouth. Les photographies étaient destinées à l’État français en priorité mais dès que les diplomates ont commencé à faire appel à des professionnels, les clichés ont suscité l'intérêt d’une population demandeuse de vues exotiques. C’est l’avènement de la carte postale et le commencement d’une diffusion plus large.


 Stéphanie Magalhaes
02.01.2002