William Turner en Allemagne, première

William Turner (1775-1851) n’est pas l’un de ces artistes méconnus de leur vivant et soudain redécouverts par l’histoire de l’art et la critique. Le musée Folkwang d’Essen qui réunit aujourd’hui quelque 200 peintures et œuvres graphiques prêtées par de grands établissements anglais et américains est pourtant le premier musée allemand à consacrer une importante rétrospective à l’ensemble de sa carrière. Comment expliquer ce phénomène ? Georg Költzsch, directeur du musée Folkwang et commissaire de l’exposition « William Turner, lumière et couleur » nous donne des éléments de réponse.

En 1972, une petite exposition a été organisée à Berlin. En 1974, c’était à Hambourg et dans les années 1990, à Mannheim. Mais à chaque fois, seule une petite partie de l’œuvre de Turner était présentée, les dessins de son séjour en Allemagne, par exemple. En fait, il faut observer le phénomène de manière plus globale. Jusqu’ici les musées allemands se sont peu préoccupés de faire progresser la connaissance de l’art anglais. D’ailleurs, alors même que Turner aimait à voyager en Allemagne, pays où il trouvait déjà peu d’admirateurs, seule la Neue Pinakothek de Münich possède aujourd'hui une œuvre de Turner, une vue d'Ostende.

En faisant ainsi venir certains des chefs d'œuvres de la Tate Gallery ou de la National Gallery de Londres, tels Paix, enterrement en mer, Mer démontée et dauphins ou La douane et San Giorgio, le musée d'Essen amorce donc un mouvement qui va permettre au public allemand de redécouvrir l'art anglais. Reste à espérer qu'une telle initiative ne s'achèvera pas par un vol comme ce fut le cas pour deux des œuvres de Turner lors d'une exposition organisée à Düsseldorf en 1994…