Stockholm : la guerre des champignons aura lieu

Il a fait l'orgueil des Suédois en 1998, lorsque Stockholm occupait la place enviée de capitale européenne de la culture. Trois ans plus tard, il est devenu un motif de préoccupation, voire de honte : le Moderna Museet, bâti sur l’une des îles du centre, doit fermer. Des moisissures ont été détectées au début de l’été 2001, d’abord dans des endroits circonscrits, comme les cuisines. Puis des employés ont été pris de toux inexpliquées, de maux de tête tandis que les moisissures se propageaient dans le circuit de climatisation. Les enquêtes se sont succédé, sans pouvoir apporter de réponse satisfaisante. Soucieuse de protéger la santé de ses employés et de la collection, la direction n’a pas hésité à ordonner la fermeture. Le fonds de 30000 photographies, la partie la plus sensible de la collection, a été mis en lieu sûr. Les quelque 5000 peintures et sculptures, en revanche, ne seront pas déplacées, leur manutention étant considérée comme plus risquée que leur maintien sur place.

Qui est responsable ? Est-ce Rafael Moneo, qui a remporté le concours en 1991, devant plus de 200 équipes internationales ? C’est ce qu’ont avancé certains journaux suédois, accusant l’architecte espagnol de n’avoir pas tenu compte des contraintes du climat local. En s’exprimant en fin de semaine dernière dans les colonnes du quotidien madrilène «El País», Moneo soulignait au contraire que le Moderna Museet, auquel il a consacré deux jours par mois pendant six ans, était son projet le plus abouti. Du côté du musée, on se refuse à faire porter la faute à Moneo. Il en est de même au Statens Fastighetsverk, le Centre des Monuments Historiques, qui est propriétaire de l’édifice. Pour Ulf Tomner, le responsable du contrôle, «Nous n’avons aucune raison de tenir Moneo pour responsable. Il a fait le dessin d’ensemble mais d’autres consultants, qui maîtrisaient les données locales, étaient suédois. Nous allons fermer le musée pendant un an et demi. Ce délai permettra d’établir les responsabilités et de résoudre le problème. Il n’est d’ailleurs pas exclu que le musée rouvre avant.»

Si, comme certains l’ont avancé, il s’avère nécessaire de traquer l’humidité sous 30 000 mètres carrés de sols, un an et demi ne sera pas de trop. C’est la rude tâche à laquelle s’est attelé le nouveau directeur, Lars Nittve, qui a quitté son poste à la Tate Modern de Londres, juste avant que l’on apprenne le mal dont souffre le Moderna Museet. Après le 13 janvier, date à laquelle s’achève la rétrospective Botero, une partie du fonds sera prêté pour des expositions temporaires dans d’autres musées suédois. Quant à la propre programmation temporaire de l’institution, elle sera poursuivie dans un espace beaucoup plus petit – quelques centaines de mètres carrés – qui reste encore à trouver…