Une exposition en installationL'espace Paul Ricard invite l'artiste Hideo Morie à déployer ses surfaces entre ses murs.
| À louer, mur à exposition
tél. : 01 46 55 74 26
© Pierre-Antoine Baubion |
C’est encore un belle initiative de l’espace Paul Ricard que de permettre à ce qu’il est convenu d’appeler la jeune création de s’exprimer dans ses variations les plus diverses et en l’occurrence à l’artiste Japonais Hidéo Morie, lauréat Paul Ricard de la Jeune Création 2000, de déployer ses grandes surfaces verticales amovibles recréant des espaces insolites d’accueil au milieu d’un joyeux amoncellement d’objets hétéroclites aux références variées. Deux concepts forts dans l’approche de l’artiste : le mur qui divise l’espace, et les multiplicités concrètes : toiles, déchets, aquarelles, moisissures, photocopies, frigidaires, outils, scie circulaire, fruits et légumes qui gisent, qui s’exposent, qui se positionnent par rapport à cette séparation. Ce qui intéresse l’artiste, ce sont ces processus qui opèrent dans des multiplicités concrètes. Comme dit Deleuze « ce sont ces multiplicités qui peuplent le champ d’immanence, un peu comme les tribus qui peuplent le désert sans qu’il cesse d’être un désert »
| La mémoire de la chaleur
© Pierre-Antoine Baubion |
Les techniques mixtes de la première pièce La mémoire de la chaleur 2001, interpellent sur le chaud le froid, l’inerte et le vivant, en fait l’inévitable dégradation de la matière organique, à la chaleur ambiante et même amplifiée par cette paroi translucide supposée laisser passer la lumière pour en accélérer la décomposition. Le chou fraîchement sorti du frigidaire ou le cactus gisant sur le sol sont sondés d’un thermomètre dont la lecture annonce une fin certaine. Ceci au milieu d’un bric-à-brac inerte, fait d’amoncellements de seaux, pinceaux, matériaux, tôles et d’un sol jonché de photocopies qui ont probablement préoccupé à un moment ou un autre l’imagination de l’artiste. Cette installation avec son goût d’éphémère, de fini et d’inachevé à la fois, d’hétérogène nous plonge au cœur même de la réalité de l’artiste, « de cette réalité non seulement pour la vue ou pour le toucher mais de cette réalité absolue, de pleine coexistence avec le phénomène » comme l’écrit Merleau-Ponty auquel se réfère également l’artiste. L’art d’Hidéo Morie fait penser aux artistes allemands reconnus que sont Thomas Hirschborn très présent ce dernier été sur la scène européenne notamment avec de belles installations présentées à Marseille et à Barcelone, ou bien pour l’aspect constructif au lauréat de la Biennale de Venise : Gregor Schneider. Cet art complexe interpelle au plus fort, mais Morie le conceptualise clairement : Le mur divise l’espace, appelons-le la structure. Le mur a une surface, la construction du mur est un acte. «L’exposition dans l’exposition ». L’équation de la surface de la structure et de l’acte. Les deux autres oeuvres de Morie : A louer, mur à exposition tél. : 01 46 55 74 26 , et l’intéressant Exposition « by night », où l’immense paroi percée de mille petits trous recrée l’ambiance unique de la nuit propice à l’accrochage à tour de rôle des oeuvres qu’il a produites dans les années 90 : toiles, aquarelles et autres moisissures. Une exposition dans l’exposition. A voir.
| Pierre-Antoine Baubion 26.12.2001 |
|