La Passion selon Bob WilsonUn chemin de croix imaginé par Bob Wilson pour la ville d’Oberammergau en Allemagne est présenté au Mass MoCA (Massachusetts Museum of Contemporary Art).
| Robert Wilson, Station 11
© Photo : Lesley Leslie-Spinks |
Cette installation a été commandée pour le 40e anniversaire des représentations de la Passion du Christ à Oberammergau. La tradition veut que tous les dix ans depuis 1634, ce passage des évangiles, retraçant le chemin du Jésus de son arrestation à sa mort, y soit mis en spectacle. Au Moyen-Âge, il était coutume pour les pèlerins européens de revivre ainsi les souffrances du Christ afin d’atteindre la grâce. Avec les retables et les chemins de croix, cette imagerie religieuse a d’ailleurs été une riche source d’inspiration pour Bob Wilson. Né au Texas en 1941, il est célébré dans le monde pour ses réalisations théâtrales, Einstein on the Beach en collaboration avec Philip Glass ou, plus récemment, Time Rocker avec Lou Reed. Mais Bob Wilson est aussi peintre et sculpteur, il a fait une partie de ses études au prestigieux Pratt Institute (New York).
| Robert Wilson, Station 12
© Photo : Lesley Leslie-Spinks |
Mêlant l’architecture, la sculpture, le dessin, le son et la lumière, l’œuvre de Bob Wilson n’est pas une traduction littérale du texte biblique. Le cycle de la Passion est symbolisé par 14 cabanes ou chapelles, dont on observe l’espace intérieur par une fenêtre. Chaque chapelle contient un tableau énigmatique, parfois abstrait, accompagné d’une installation sonore, invitant le spectateur à de multiples lectures. On reconnaît la signature de Bob Wilson au travail très poussé sur la lumière. La première station - Jésus est condamné à mort - est un long couloir éclairé de petites ampoules, qui mène vers un fond obscur. Dans la station 6 - Véronique essuie le visage de Jésus - figure un personnage fantomatique vêtu de blanc. La station 12, qui correspond au moment où le Christ meurt sur la croix, montre des loups rouges menaçants et hurlants, avec en fond un paysage montagneux. Le treizième tableau - Jésus est déposé de la croix - est l’un des plus poignants avec une envolée d’oiseaux très réaliste devant un visage féminin. La mise au tombeau est illustrée par un corps blanc pendu dans une sorte de tipi, qui évoque l’arche d’une église.
| Laure Desthieux 24.12.2001 |
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