Programme minimum pour le bassin de la VilletteLa mairie de Paris vient d’annoncer une politique en huit points pour revitaliser le bassin de la Villette à l’horizon 2004. Sans ambition excessive…
| Reconstitution en 3D du bassin de
la Villette, avec la Rotonde au fond |
L’aménagement de la ZAC du bassin de la Villette, lancé en 1988, arrive à son terme. Mené par une société d’économie mixte, la SEMAVIP, avec Patrick Celeste pour architecte conseil, ce programme a permis la construction d’un millier de logements, de 15000 mètres carrés de bureaux, d’un hôtel. Deux autres équipements, non prévus au départ, seront inaugurés en 2002 et 2003 : une crèche et une école de 13 classes.
Ces aménagements ont-ils rendu au quartier la vie qui fut la sienne autrefois ? Sans doute pas si le nouveau maire de Paris, Bertrand Delanöé, a senti le besoin de lancer une nouvelle opération, «Huit actions pour le bassin de la Villette», visant à en faire, dès 2004, «le nouveau lieu à la mode de la capitale». Hormis sa Cité des Sciences, la Villette ne bénéficie pas d’une image positive auprès du public. Son principal monument, la Rotonde de Ledoux, ancienne barrière de l’octroi, est largement ignoré des Parisiens, tandis que les trafics de drogue sur la place Stalingrad ont, eux, été abondamment relayés par les médias…
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Quelles sont donc les huit actions annoncées ? La première concerne la Rotonde, qui clôt le bassin du côté nord. Bâtie en 1785, elle a servi de caserne de gendarmerie puis de dépôt de sel. La Commission du Vieux Paris, qui l’occupe actuellement, doit déménager pour s’installer dans un hôtel particulier de la rue Cadet, en cours de réfection. Un appel à projets a été lancé pour faire de la Rotonde un grand équipement culturel. La deuxième action vise à faire de la place de Stalingrad un lieu plus sûr et convivial, «en fluidifiant les liaisons entre les quais». Marin Karmitz, qui aime décidément les canaux, a été chargé de transformer des entrepôts en… salles de cinéma, qui ouvriront à l’automne 2003. Juste en face, au n°6 du quai de la Seine, le siège des canaux de Paris sera libéré et devra être transformé, comme la Rotonde, en équipement culturel.
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Les 5e et 6e actions, modestes, se proposent de requalifier les trottoirs et d’installer piste cyclable et bornes à eau pour contribuer à l’animation locale. La 7e concerne l’achèvement des équipements mentionné ci-dessus – école et crèche. La dernière action est sans doute la plus significative. Elle prévoit la reconstruction de l’un des deux entrepôts – parti en fumée en 1990 - qui ferment la perspective du côté sud. Ces Magasins Généraux seront ainsi reconstitués comme il l’étaient autrefois.
S’il est marqué de bonnes intentions, le programme annoncé ressemble davantage à une marqueterie d’opération isolées qu’à un ambitieux plan d’ensemble. On a un certain mal à y déceler une logique. En dehors des locaux transformés en cinémas par Marin Karmitz, l’avenir des principaux bâtiments est laissé en pointillé. La Rotonde ? Les Magasins Généraux ? Le siège de l’administration des canaux ? Ni musée d’envergure ni salle de théâtre. On aurait pu imaginer une maison des canaux et des éclusiers, le grand musée des arts forains que l’on attend depuis longtemps, une bibliothèque sur l’histoire fluviale. La Commission du Vieux Paris n’aurait-elle pas pu rester dans la Rotonde, en s’ouvrant au public, qui la méconnaît ? On semble s’en remettre systématiquement à l’appel à projets pour lever l’indécision. La Villette de Napoléon, de Marcel Carné, de Tardi, ne méritait-elle pas traitement plus vigoureux, plus audacieux ?
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