Savignac ou l’humour vache

Après Eugène Ogé, récemment exposé à Nantes, Anne-Claude Lelieur, conservateur de la bibliothèque Forney, s'attaque à Savignac, grand affichiste parisien. Sont à l'honneur plus de 180 affiches, maquettes originales, coupures de presse, documents publicitaires, provenant du fonds Forney mais aussi du musée de la Publicité, du musée de Trouville et de 3 collections privées. « La rareté et de la qualité des documents exposés sont les points forts de cette présentation. Environ 30 affiches n’ont encore jamais été exposées malgré les nombreuses expositions Savignac dans le monde ! » nous explique le conservateur . « Un immense travail de recherche effectué au dépôt légal de la Bibliothèque Nationale de France et dans des revues d’époque nous a fait découvrir des affiches oubliées de tous, même de son créateur». Du haut de ses 560 pages et 850 illustrations couleurs, le catalogue est considéré comme un ouvrage de référence à part entière. « L'accent est mis sur la représentation graphique conformément aux vœux de l’affichiste. Plus de 600 affiches y sont répertoriées, parmi elles des créations récentes».

Raymond Savignac se dit «affichiste et seulement affichiste», contrairement à son maître Cassandre qui souhaitait, lui, devenir peintre . Sa carrière est consacrée en 1950 « Je suis né des pis de la vache Monsavon ». Si les femmes sont quasi absentes dans son œuvre, les animaux sont autant de figures-clés. «Travaillant essentiellement dans le domaine publicitaire en cette période d’après-guerre, riche en produits de consommation , Savignac joue un rôle essentiel dans le lancement de l’affiche humoristique : Dunlopillo, Treca, Danone, Aspro..». A la fois dérangeant et impertinent, cet art devient dans les années 50 un moyen de communication des plus influents. « Au même titre que Rembrandt ou Dürer, Savignac aime à se mettre en scène dans les affiches de ses expositions personnelles. » Quelle est la recette du succès? Savignac nous la donne dans son ouvrage L'Affiche de AàZ