Honfleur inaugure les ventes en euros

Voilà près de trente ans que maître Dupuy se consacre aux artistes qui ont fait la notoriété d'Honfleur, et presque autant qu’il choisit le premier jour de l’année pour l’une de ses principales ventes annuelles… Une date qui porte chance dans la mesure où ses concurrents se reposent, tout comme ses clients potentiels, venus réveillonner sur la côte. Cette année encore, il propose un ensemble d’environ 150 tableaux des 19e et 20e siècles, une Corbeille de fruits de Maurice Estève (15 245 €), un Paysage au champ de blé de Maurice de Vlaminck (22 867 €), mais surtout une importante série de peintures normandes.

Véritable pépinière artistique, Honfleur attire les peintres dès la fin du 18e siècle, Corot ou Isabey figurant parmi ses premiers adeptes. Mais c’est surtout à partir du 19e siècle qu’ils affluent dans cette région pittoresque dotée d’une nature exceptionnelle, un écrin de verdure entre la côte, l’arrière-pays augeron et l’estuaire de la Seine. Vers 1860, Eugène Boudin, un garçon du pays, devient le fédérateur du groupe d’artistes qui se réunit à la Ferme Saint Siméon. Avec des pastels et des huiles comme Trouville, les jetées (45 734 €), il est également le grand innovateur de ce groupe, celui qui, le premier, s’est attaché à saisir les plus subtiles variations lumineuses.

Si le groupe des « peintres normands » reste restreint, il n’en est pas moins caractéristique des grands courants artistiques contemporains. Après Boudin, l’initiateur, le port fut habité par les impressionnistes. Comme Alexandre Dubourg, son ami fidèle, passionné par le rendu de l’animation de la ville dont témoignent Honfleur, la jetée et le bureau des pilotes ou Le marché aux poissons (22 867 €). Suivirent encore les Fauves dont Friesz et Henri de Saint-Delis, représenté par une vingtaine d’aquarelles dont les prix varient de 1500 à 7600 €, et des artistes venus de régions toujours plus lointaines, à l’image des paysagistes anglais qui les avaient précédés un siècle plus tôt, Turner et Bonington. Mort il y a deux ans, André Hambourg illustre la pérennité de cette école, dans son œuvre comme dans la vie puisqu’il épousa la petite fille du médecin de Boudin…