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Italie : scandale sur les enchères

L’incarcération, pour trafic de faux tableaux, de Giorgio Corbelli, président de Telemarket, première chaîne italienne de téléachat, cause une violente onde de choc. L’homme d’affaires contrôle en effet Finarte et Semenzato, les deux principales maisons de ventes du pays.

A l’occasion d’un entretien téléphonique le 18 décembre passé, Giorgio Corbelli nous confiait : «Il est encore trop tôt pour entrer sur le marché français mais nous y réfléchissons. Nous avons déjà fait un pas important dans notre expansion internationale en intégrant l’association de maisons de ventes International Auctioneers. Nous sommes le premier opérateur en Italie dans le domaine des ventes d’œuvres d’art, loin devant Christie’s ou Sotheby’s, et notre développement à l’étranger se présente comme une suite logique.»

Aujourd’hui, Giorgio Corbelli est en prison, accusé par un magistrat de Bari, qui mène l’enquête depuis plusieurs années, d’avoir monté, par l’intermédiaire de sa société Telemarket, un vaste trafic de faux tableaux. L’incarcération de l’homme d’affaires a fait l’effet d’un coup de tonnerre et pourrait avoir des conséquences en cascade. L’un de ses conseillers n’est en effet autre que le très médiatique Vittorio Sgarbi, secrétaire d’Etat à la Culture aux opinions tapageuses. Giorgio Corbelli est par ailleurs président de Napoli Calcio, le club de football de Naples. «Cela me donne une image publique, une popularité» nous disait-il.

Au cœur de la galaxie Corbelli se trouve Telemarket, une société de téléachat fondée en 1982, dont le siège est à Brescia. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les émissions présentent en direct des tableaux, des meubles, des bijoux à vendre. Le chiffre d’affaires de Telemarket, qui s’est doublé d’un Telemarket 2, basé à Casamassima, près de Bari, était l’an dernier de 120 millions d’euros. Avec la complicité de la fille de l’artiste et de son principal marchand, Pierpaolo Cimatti, Telemarket aurait écoulé près de 25 000 fausses sérigraphies de Michele Cascella. D’autres artistes auraient fait l’objet de faux comme Schifano, de Chirico ou Tamburi.

Le scandale intervient alors que Giorgio Corbelli vient de prendre, il y a quelques mois, le contrôle de Finarte, la plus célèbre maison d’enchères italienne, dont il détient 29% du capital. Il est par ailleurs l’actionnaire majoritaire, avec 65% des parts – chiffres qu’il nous avait communiqués lors de notre entretien mais invérifiables car la société n’est pas cotée en bourse, à la différence de Finarte - de Semenzato, l’autre grande maison italienne, basée à Venise. Le chiffre d’affaires combiné de Finarte et Semenzato était estimé en 2001 à 110 millions d’euros. Hier, les actions de Finarte ont perdu près de 10% et leur cotation a dû être suspendue à la bourse de Milan.


 Rafael Pic
14.03.2002