Aménophis III revient à Louxor

PARIS, 19 avr (AFP) - La découverte, il y a à peine un mois, de deux parties de colosses et d'une reine, dans un champ situé derrière les colosses de Memnon, sur la rive ouest de Louxor, signe le retour en scène d'un des plus grands pharaons de l'Egypte antique, Aménophis III. Cette découverte majeure, annoncée mardi par le secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes Sahi Hawwas, est le fruit d'une mission archéologique égypto-européenne conduite par l'égyptologue arménienne Hourig Sourouzian. Interrogée par l'AFP, Mme Sourouzian a raconté la genèse de cette fouille, rendue possible par le mécénat d'une Française, Monique Hennessy, présidente de l'Association des Amis des Colosses de Memnon. "Mon mari, Rainer Stadelmann, égyptologue, qui dépendait alors du German Archaeological Institute, s'était vu confier les relevés photogrammétriques des deux colosses de Memnon qui, jadis, flanquaient le premier pylône du temple d'Aménophis III, qui régna de 1375 à 1360 avant J.C". "Peu après, un incendie - il y en a déjà eu trois - se déclarait dans le champ situé à l'arrière, où sont enfouis les vestiges du temple funéraire de ce pharaon, un des plus grands bâtisseurs du Nouvel Empire", plus ancien que Ramsès II bien que moins médiatisé. "Du coup, le temple a été inscrit sur la liste des "100 monuments les plus en danger dans le monde", établie par le World Monument Fund en 1998, permettant d'adopter des mesures de conservation préliminaires et d'obtenir une bourse d'American Express en 1998 et 1999". Il s'agissait de nettoyer le site envahi par la végétation, de documenter les vestiges apparents, et de prévoir un plan de conservation à long terme. Mais surtout, l'équipe réalisa à quel point le terrain était menacé. "Par l'eau provenant de l'irrigation des champs voisins, par le sel provenant de son évaporation. Par une végétation dont les racines sont si puissantes qu'elles traversent la pierre, enfin par le feu et le vandalisme", souligne Mme Sourouzian.

En 2001, tandis que Rainer Stadelmann travaillait à la restauration des deux Colosses de Memnon, qui vient de s'achever, Mme Souzourian travaillait à l'excavation des vestiges du temple d'Aménophis III. Les résultats dépassèrent les espérances. "Nous pensions que les colosses étaient là, puisqu'ils affleuraient, comme un tas de rochers informe. Mais nous ignorions que la partie enfouie était si bien protégée", raconte Alain Fouquet-Abrial, vice-président de l'Association des Amis des Colosses de Memnon, joint à Louxor par l'AFP. "Nous avons d'abord retrouvé tout le côté droit d'un colosse, représentant Aménophis III, sa main posée sur son genou et le reste de la jambe bien visible jusqu'au pied inclus, a-t-il indiqué. Mais aussi, flanquant cette jambe qui était tournée vers la terre, une petite reine merveilleuse, au visage et aux jambes parfaitement intacts". "Puis nous avons fouillé à côté, ce que nous pensions être une stèle : c'était un deuxième colosse". Taillées dans du quartz rouge, les statues mesuraient initialement 21 mètres de haut et pesaient 700 tonnes chacune. Elle flanquaient l'entrée du deuxième édifice du temple funéraire. Dans l'attente de la prochaine campagne de fouilles, qui devrait avoir lieu à l'automne, les statues d'Aménophis III ont été recouvertes de sable pour les protéger. Mme Hennessy, jointe vendredi au téléphone, a déclaré à l'AFP: "J'entends évidemment continuer à participer à l'opération. J'ai même établi tout un programme".

Par Annick BENOIST

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