Petite histoire de la photographieUn ouvrage décrit la genèse d'un médium qui s'est ménagé une place de choix dans la création contemporaine.
| L'image révélée, l'invention de la
photographie
© Gallimard / Réunion des Musées
Nationaux, 2001. |
Le présent volume ne faillit pas à la règle. Comme il est de coutume avec les ouvrages de la collection «Découvertes Gallimard», il est résolument didactique. Abondamment illustré, agrémenté de témoignages d'époque, le texte aborde les grandes étapes de l'invention de la photographie dans un style simple et clair. A la concision recherchée dans ce type d'ouvrages, l'auteur, Quentin Bajac, conservateur au Musée d'Orsay et commissaire de plusieurs expositions de photographie, parvient à associer une certaine exhaustivité. S'ils sont parfois traités fort rapidement, aucun des aspects historiques ou techniques qui marquent la naissance de la photographie n'est éludé. L'ouvrage couvre une période d'une quarantaine d'années, s'étendant de l'année officielle de l'invention, 1839, à 1880, à l'heure de sa diffusion massive. Après en avoir présenté les données techniques, l'auteur s'attache à décrire les divers usages qui en ont été faits, ses applications commerciales, scientifiques puis artistiques pour revenir sur la question de la diffusion de l'image.
De l'invention en elle-même et de sa paternité disputée, aux multiples brevets qui lui font suite, en passant par les nombreuses améliorations apportées au fil des ans, tout est évoqué dans une même volonté didactique. On y découvre comment ces innovations techniques permettent à la photographie d'accéder au statut unique d'œuvre reproductible, et autorisent par là sa commercialisation rapide. Vient alors le temps de la floraison dans le Paris du 19ème siècle des ateliers de photographie et, avec eux, le développement du portrait. La véritable «portraituromanie» qui frappe alors tant les Français que les Anglais, se traduit par un engouement pour une forme nouvelle d'images photographiques : les cartes de visite, portraits d'icônes populaires, princes, princesses, acteurs et actrices, hommes politiques ou artistes que le public se plaît à collectionner dès 1850. Le trop plein d'images et leur qualité souvent médiocre entraînent une rapide dépréciation de la photographie et de son praticien. L'exemple de Nadar vient alors à point nommé : l'évocation du photographe rappelle que ce genre donna également lieu à quelques réalisations magistrales comme en témoigne Le Mime Debureau en Pierrot photographe, 1855, clôturant cette présentation du portrait. Ce sont ensuite les applications scientifiques de la photographie qu'aborde l'auteur : en tant que document, elle suscite vite l'intérêt de l'armée, de la police et du monde scientifique. Les différents usages qui en sont faits, que ce soit pour l'étude des physionomies, pour l'ethnologie ou pour la topographie, sont largement illustrés.
Le chapitre consacré à la photographie en tant que médium artistique se concentre davantage sur la création anglaise et s'attache aux noms de Julia Margaret Cameron, Lewis Carroll, Lady Hawarden et Rejlander, évoquant par là même, la relation étroite qu'entretient la photographie dite «d'art» avec la peinture. Le dernier point abordé, la diffusion de l'image photographique, récapitule les avancées techniques faites durant cette deuxième moitié du 19ème siècle avecl'introduction de la photographie dans la presse et évoque les prémices de la législation de l'image et du droit d'auteur. En fin d'ouvrage, prennent place des annexes fort intéressantes composées de témoignages tels celui de Baudelaire ou ceux, moins connus, de Viollet-le-Duc, Robert Fenton ou Redon. A noter également la bibliographie, certes succinte, mais constituée d'ouvrages faisant référence, qui saura satisfaire les amateurs comme les plus initiés. Petit bémol à apporter à ce livre, la maquette est parfois un peu chargée. On regrettera aussi que les légendes - auteur, titre, procédé employé - soient systématiquement reportées en fin de volume. C'est la loi de la collection mais, dans cet ouvrage où l'image est au centre du débat, voilà qui perturbe quelque peu la lecture.
| Raphaëlle Stopin 23.01.2002 |
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