VENDOME (Loir-et-Cher), 6 jan (AFP) - La première vente aux enchères publiques en euros en France s'est déroulée dimanche après-midi à l'hôtel des ventes de Vendôme et n'a pas découragé les acheteurs, nombreux à relever le défi de la nouvelle monnaie unique, malgré une certaine appréhension. Près de 200 personnes, selon l'AFP, ont physiquement participé à la vente, qui concernait plus de 250 lots de mobilier provenant de divers châteaux du Val de Loire.
"Cette opération est une réussite. C'est la première en France et la seule organisée aujourd'hui. Demain, les collègues vont m'appeler pour savoir comment cela s'est passé", se félicite Me Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme.
"J'ai bien fait d'investir dans mon panneau lumineux", plaisante-t-il. Juste derrière son bureau, un écran indique le montant de l'enchère en euros, et son équivalent en francs. Un opérateur répercute en temps réel dans les deux monnaies l'évolution du prix du lot examiné. Les organisateurs avaient également pris soin de fournir aux participants un barème de correspondances en papier comportant l'estimation en francs des objets mis aux enchères. Malgré cette aide à la conversion, certains acheteurs n'ont pas caché leur appréhension avant la vente.
" A l'exposition, les gens semblaient paniqués, ils se demandaient où on allait, et certains me demandaient de renoncer à annoncer les montants uniquement en euros. Je leur ait dit que je ne ferai pas marche arrière au cours de la vente, que je serai très ferme. J'ai préféré les préparer psychologiquement", explique Me Rouillac.
De fait, la nouvelle monnaie n'a pas vraiment désorganisé la vente, ralentissant simplement le déroulement des opérations.
"J'avais fixé des mises à prix plus basses que d'habitude, pour que les gens aient le temps de respirer, de s'habituer à la nouvelle monnaie. Ca a donc pris plus de temps, mais au final on est globalement parvenus aux montants que j'avais prévus. Il fallait que les coups de marteau ne soient pas des coups de fusil", commente le commissaire-priseur. L'objet le plus cher, un lustre du XIXe, a été adjugé à 72.000 francs.
"Enfin, 11.000 euros", corrige Me Rouillac après quelques instants d'hésitation. La vente a séduit de nombreux acheteurs étrangers,
"des Néerlandais, des Allemands, des Italiens", qui pouvaient enchérir grâce à quatre lignes de téléphones.
"Ils l'ont fait plus tôt et avec plus de rapidité que la moyenne des participants", a noté le commissaire-priseur.
"Cette vente est la preuve que l'euro, ça marche aussi pour les enchères, où le public est pourtant plus traditionnel et plus âgé qu'ailleurs", conclut-il avec satisfaction.
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