Être artiste à Paris avant le baron HaussmannSituée au cœur de la Nouvelle Athènes, la Fondation Taylor invite à plonger dans la capitale des romantiques.
| Jean-Pierre Dantan dans son atelier,
Musée Carnavalet © Fondation Taylor |
Vers 1820, l’ancien quartier des Porcherons change de nom pour devenir celui de la « Nouvelle Athènes ». Une dénomination qui traduit les métamorphoses du quartier. Sur le plan architectural, le nom moins « rural » reflète les aménagements immobiliers et l’implantation d’hôtels néoclassiques qui, dès le Directoire, remplacent les terres maraîchères et les domaines constitués au cours du 18e siècle. Du point de vue de la population, il traduit le caractère d’un quartier où se réunit la société littéraire, artistique et mondaine de la capitale.
Pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet, le carré situé dans l’actuel 9e arrondissement, entre les églises de Notre-Dame-de-Lorette et de la Trinité, entre la rue des Martyrs et celle de Clichy, devient un haut lieu de la création artistique parisienne. Non loin de l’Opéra et du Conservatoire, il attire musiciens et compositeurs (Chopin, Auber ou Berlioz). À quelques pas des théâtres des Grands Boulevards, il draine de nombreux comédiens (Talma, Mademoiselle Duchesnois ou Marie Dorval). Pour ne citer que les plus célèbres, Alexandre Dumas père, Théophile Gauthier, Gérard de Nerval ou Baudelaire, se réunissent dans les cafés et les cabarets avoisinants. Quant à Géricault, Horace Vernet, Delacroix, Delaroche, ils y établissent leurs ateliers, trouvant parfois des modèles ou des muses parmi les jeunes filles du quartier, les lorettes.
Avec le musée de la Vie romantique ou le musée Gustave Moreau, la Fondation Taylor est l’un des lieux symboliques de cette créativité. Héritière de l’association des artistes fondée par le baron Taylor en 1844, elle est en effet installée dans des locaux qui furent légués par une certaine Mme Larivière, fille et épouse de peintres très actifs à cette époque. À l’image d’une vue pittoresque de la maison d’Ary Scheffer, d’un portrait, Thiers dans son cabinet de travail, ou d’un amusant plat d’éventail ayant appartenu à George Sand caricaturant l’entourage de la romancière au sein de la Nouvelle Athènes, la soixantaine d’œuvres présentées illustrent l’atmosphère de ce quartier ainsi que les bouleversements stylistiques qu'il a connus.
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