Yves Saint Laurent baisse le rideauLe couturier a annoncé hier qu’il mettait un terme à son activité de haute couture. Itinéraire d’un amoureux des formes et des couleurs.
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L’annonce inattendue d’une conférence de presse pour le lundi 7 octobre avait alerté les rédactions, la semaine dernière : Yves Saint Laurent se retirait. Le pressentiment s’est avéré. Le styliste, âgé de 65 ans, a confirmé hier la fermeture de sa maison de haute couture. Depuis la fin de l’année 2000 et la vente du prêt-à-porter au groupe Gucci, c’était la seule activité qu’il conservait dans le monde de la mode.
Né à Oran, Yves Saint Laurent arrive à Paris à l’âge de 17 ans. Un an plus tard, il débute chez Christian Dior. Lorsque l’inventeur du «New Look» décède en octobre 1957, c’est lui qui assure la succession. Son premier défilé a lieu le 30 janvier 1958. En pleine agonie de la Quatrième République, sa ligne «Trapèze» marque les esprits. Quatre ans plus tard, après avoir dû abandonner la maison Dior pour un service militaire qu’il n’effectuera d’ailleurs pas, il monte sa maison, avec la complicité de Pierre Bergé.
L’adepte du noir sait se montrer coloriste de grand talent. Grand admirateur de Proust en littérature – les pièces de sa demeure de Marrakech portent les noms des personnages de la Recherche du temps perdu – il s’inspire dans ses créations des grands peintres modernes. Parmi les muses qui l’ont guidé, outre Loulou de la Falaise ou Betty Catroux, on trouve Mondrian (en 1965), Picasso (en 1979), Matisse (en 1981), Van Gogh ou encore Braque. En 1983, à 47 ans, il rejoint ses maîtres au panthéon : le Metropolitan Museum de New York lui consacre une rétrospective, la première de cette ampleur jamais consacrée à un couturier. Une initiative qui ouvrira la voie à d’autres. Celle dédiée à Armani, au musée Guggenheim de Bilbao, a eu lieu à l’automne dernier, dans une mise en scène de Bob Wilson.
La collaboration d’Yves Saint Laurent avec le monde des arts et du spectacle a été prolifique. C’est Cassandre qui dessine son sigle, avec les trois lettres enlacées. Il dessine les costumes de Zizi Jeanmaire et ceux de Catherine Deneuve dans plusieurs de ses films, notamment pour Cet obscur objet du désir, tourné par Buñuel. Collectionneur de Picasso et de Goya, adepte du mobilier Art déco de Jean-Michel Franck, Yves Saint Laurent n’a, semble-t-il, jamais accepté le tournant vers le merchandising à outrance, imposé par la nouvelle direction et notamment par Tom Ford, pourtant l’un de ses émules. Désormais libre, Yves Saint Laurent accompagnera-t-il Pierre Bergé dans une nouvelle aventure, le rachat de Drouot ?
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