RYAD, 8 jan (AFP) - Les autorités saoudiennes ont démoli une forteresse datant de l'époque ottomane qui surplombait la Grande Mosquée de La Mecque (ouest de l'Arabie Saoudite), pour y réaliser un complexe résidentiel, a-t-on appris mardi de source saoudienne. A Ankara, un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Huseyin Dirioz, a affirmé mardi à l'AFP que son pays condamnait la démolition de la forteresse. Une source saoudienne, qui a refusé à être identifiée, a déclaré à l'AFP que
"la forteresse d'Ajyad a été détruite il y a environ une semaine. Les bulldozers travaillent encore sur le site".
Le roi Fahd d'Arabie Saoudite avait donné en décembre son feu vert pour la construction d'un complexe résidentiel, d'un coût de 533 millions de dollars sur la colline de Boulboul, à La Mecque, premier lieu saint de l'Islam. Le projet porte notamment sur l'édification de onze tours résidentielles, composées d'un millier d'appartements, et d'un hôtel cinq étoiles de 1.200 chambres. Le projet porte également sur la reconstruction sur un autre site de cette forteresse, vieille de 230 ans, et qui avait servi pendant des dizaines d'années à défendre la ville de La Mecque et la Grande Mosquée contre les attaques des tribus rebelles. Les travaux de construction, sur une superficie de 23.000 mètres carrés, ont été confiés au groupe saoudien Ben Laden, sur la base du système BOT (construire, gérer, transférer). Le projet devra être complété en 2006.
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères a affirmé que
"nous avons fait part de notre consternation aux autorités saoudiennes concernant la démolition de notre héritage historique et culturel commun". Il a indiqué qu'après des démarches turques, les autorités saoudiennes avaient informé Ankara que Ryad avait finalement renoncé à démolir la forteresse. Le ministère turc de la Culture avait fustigé lundi dans un communiqué la décision saoudienne qui
"équivaut à la destruction des statues géantes des Bouddhas en Afghanistan". La destruction par les Talibans en mars dernier des bouddhas géants de Bamiyan, sculptés entre le 2ème et le 5ème siècle de notre ère, a provoqué une vague d'indignation partout dans le monde. Le ministre turc de la Culture Istemihan Talay avait qualifié devant la presse la démolition de ce vestige ottoman de
"tentative visant à effacer les traces de la culture turque sous prétexte de restauration".
"Nous allons évoquer la question lors de la prochaine visite du directeur général de l'UNESCO (Koïchiro Matsuura) en Turquie", a-t-il dit, cité par l'Agence Anatolie.
Par Omar HASSAN
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