PARIS, 11 jan (AFP) - Le photographe suédois Christer Strömholm est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Stockholm, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 84 ans, a annoncé l'agence VU dont la galerie parisienne venait de lui consacrer une exposition. Ce fils d'officier naît à Stockholm en 1918, dans une famille bourgeoise un peu fermée, qui lui donnera peut-être le goût de l'escapade, puisqu'il vivra à l'étranger et parcourra le monde du Japon en Inde, des Etats-Unis en Afrique.
Dès l'âge de 19 ans, Strömholm quitte la Suède pour Dresde où il intègre l'école d'art du Professeur Waldemar Winkler, avec qui il entre en conflit en défendant Paul Klee et les artistes interdits du Bauhaus. Il part donc pour Paris, puis Arles, à la rencontre de son maître l'artiste suédois Dick Beer, et rentre en 1938 en Suède où il commence la peinture avec Otte Sköld et Isaac Grünewald. En 1946, après avoir servi pendant six ans sous le drapeau norvégien dans un corps de volontaires, puis dans la résistance, il revient à Paris, s'inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts et découvre vraiment la photographie. Il réalise, sur commande, des portraits de célébrités comme Man Ray, Marcel Duchamp ou Le Corbusier, mais aussi des portraits personnels, qui, aujourd'hui, souligne l'agence VU, "sont d'indéniables icônes de ces artistes qui ont marqué le siècle". Dans la rue, il se concentre sur des objets trouvés, des détails, des visages et l'atmosphère si particulière qui se dégage de ses sujets, renforcée par la densité de ses tirages, révèle un monde intérieur très noir.
De 1946 à 1962, il vit et travaille à Paris, avec plusieurs séjours à Faenza et Florence, en Italie, et rejoint de 1950 à 1953 le groupe Fotoform pour la photographie subjective de l'allemand Otto Steinert. Entre 1956 et 1962, il produit son grand oeuvre sur les transsexuels de la Place Blanche -monument de pudeur, où jamais n'affleure la vulgarité ou la grivoiserie, même dans les scènes d'intimité-, avant de partir découvrir le vaste monde au Japon, en Inde, aux Etats-Unis et en Afrique. Puis il revient en Suède où, pendant 12 ans, il dirige l'Ecole de Photographie de l'Université de Stockholm et forme plus de 1.200 élèves dont l'élite de la photographie scandinave actuelle. Pour Christian Caujolle, directeur de l'Agence Vu, "la capacité de Strömholm à aborder frontalement ses sujets, sans aucun effet, évoque immanquablement Walker Evans, mais un Walker Evans européen, plus émotionnel que l'Américain. Durant un demi-siècle, absolument libre, volontaire et entêté, il a tracé son sillon, en solitaire".
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