Embarquement immédiat pour l'art déco

En 1942, le Normandie prenait feu dans le port de New York... L’exposition, L’Art de vivre au temps du Normandie fait revivre cette légende du grand style français : les chaises dorées de René Prou, la chaise de repos avec liseuse de Jules Leleu et Jean Prouvé, les malles de Louis Vuitton, le service Barsac de Lalique, l’argenterie de Christofle… Autour de cette présentation, les stands d’éditeurs et d’antiquaires exposent leur plus belle sélection de mobilier original ou inspiré des années 30. Son organisateur, Jean-Claude Maugirard explique le sens de cette nouvelle section : « Pour les 40 ans du Salon, en 2000, nous avions proposé, sous le titre d’Ecole française, une démonstration de la production de 100 créateurs reconnus pour leur manière traditionnelle et leur savoir-faire. L’année dernière, le second chapitre de cette initiative était consacré à la richesse des matériaux. Il manquait manifestement un espace au Salon du Meuble. French Line, dont le nom évoque le mythe des grands liners du début du siècle, se donne pour objectif de combler ce manque en présentant la période Art déco ».

Selon le directeur du stand Art Co « C’est bien la première fois que des non-fabriquants exposent au salon du meuble. Nos pièces servent de modèles aux créations actuelles. Nous sommes là pour aider à la réédition ». « Il y a des clients pour tout le monde. Les collectionneurs préfèrent sans doute les pièces origiales tandis que les décorateurs font obligatoirement appel à des créateurs » ajoute l’antiquaire Mathieu-Malot. Ce n’est pas l’avis de tout le monde. Les responsables de la galerie Xavier Gelineau s'estiment « très déçus de la présence d’antiquaires dans l’espace ».

Jean-Claude Maugirard nous informe du marché des produits Art déco : « Il faut savoir que 80% de la production du meuble français s'exporte. Avec l'uniformisation et la recherche de coûts de production très bas, le style Art déco était tombé aux oubliettes. Associé aux matériaux précieux, à une idée du luxe, il n’était accessible qu’à une certaine classe de la société. Aujourd’hui, les fabricants n’excluent plus de refaire de l’Art déco. Les antiquaires et les éditeurs sont deux entités indispensables au marché actuel». Passage réussi pour French Line. Ce secteur semble destiné à bouger et à se réorienter dans les années à venir.