| Peter Merian Haus |
Quand la Poste marie les créateursA Bâle, la Peter Merian Haus est née de la collaboration des architectes Zwimpfer & Partner avec des artistes contemporains.
A Bâle, s’est terminé il y a peu ce qui est sans doute le plus grand chantier suisse de ces dernières années. A proximité de la Ost Bahnhof, la Poste suisse a fait construire pour plus de 400 millions de francs suisses un immeuble de bureau de 85 000 m2 qui abrite en niveau bas la gare de triage postal. Baptisé Peter Merian Haus, cet imposant édifice est né d’une étroite collaboration entre des architectes, les suisses Zwimpfer & Partner, et des artistes dont, entre autres, l’américain Donald Judd invité pour l’élaboration des façades. Cette relation dynamique ne s’est pas limitée à un plaquage «plastique» sur le bâtiment, mais a bel et bien donné l’occasion de mener à bien une intervention artistique significative dans le quartier de la gare, en pleine mutation.
Jusqu’en 1994, année de sa disparition, Donald Judd s’est appuyé sur les plans des architectes pour fabriquer ses formes cubiques, l'écriture identifiable de ses travaux. L’édifice comprend six modules acérés, comme s'il s'agissait d'un bloc sculpté, à la matrice invariablement répétée, à l’infini. Semblable à un agglomérat de glace, le bâtiment austère, aux reflets moirés, affiche une stabilité déconcertante au milieu des flux incessants de trains, d’automobiles et de passants. Tandis que ses dimensions traduisent un effet de masse, l’alternance de verre clair et dépoli sur toutes les facettes lui donne une allure éthérée. Les façades principales se développent sur 180 mètres de long (pour 60 mètres de largeur) transfigurant le paysage urbain de manière radicale. Les espaces intérieurs sont très épurés : chaque occupant est ainsi libre d’aménager ses surfaces selon ses besoins, ce qui donne lieu à des utilisations plurielles. De plus, l’immeuble respecte les attentes de développement durable. La réalisation, anti-sismique et bien isolée acoustiquement, autorise le passage des trains postaux en rez-de-chaussée sans perturber le travail aux niveaux supérieurs.
Semblables de l’extérieur, les volumes sont vidés à l’intérieur, creusés de patios dans lesquels des artistes internationaux ont été invités à mettre en œuvre une installation. François Morellet, Pipilotti Rist, Beat Zoderer ou Brigitte Kowanz se sont pliés aux contraintes spatiales de l’édifice pour leurs réalisations respectives, travaux qui permettent de différentier les organes internes. La signalétique a été conçue par Rogelio Lopez Cuenca, et l’aménagement du parvis par Eric Hattan. Ce mariage, au résultat un peu froid mais réussi, entre art et architecture s’appuie sur une technique savante, au service d’un édifice avant tout fonctionnel.
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