COPENHAGUE, 20 jan (AFP) - De nombreux habitants de Copenhague se sont offert une promenade nostalgique ce week-end, découvrant avec étonnement des styles étrangers à l'occasion du "Copenhagen Modernism Show", un salon inédit dans la région consacré aux meubles et objets marquants de la deuxième moitié du XXème siècle, qui a surtout fait le bonheur des professionnels. Dans les allées, on trouvait chez les 60 exposants présents - dont 18 danois et 22 suédois - meubles, vaisselle, vases, bijoux et autres photographies, de 1945 à 1990. Avec quelques belles pièces, comme un bureau en plastique "Boomerang" du Français Marice Calka (1970), proposé à 30.000 euros par un galiériste viennois ou ce très étonnant fauteuil à roulettes, façonné à 100 exemplaires dans un chariot de supermarché par l'Allemand Franck Schreiner en 1983, et affiché 1.500 euros.
Le "Copenhagen Modernism Show" était le premier salon du genre en Europe du Nord, après quelques éditions sans suite à Amsterdam et une manifestation similaire à Paris en septembre dernier, et avant un premier rendez-vous méridional annoncé à Milan (Italie) en avril. S'ils sont restés jusqu'à présent plutôt rares en Europe, les salons consacrés au design contemporain sont relativement nombreux aux Etats-Unis, menés par celui de New York. Bjoern Stern, l'organisateur du salon danois, attendait samedi quelque 10.000 personnes, sur les trois jours que devaient durer la manifestation, de vendredi à dimanche. Mais une telle affluence, si elle réjouissait les exposants, en laissait certains plutôt interdits. "Les gens venus au "Show" sont surtout de Copenhague, et ils achètent des meubles scandinaves ! Certes, il y en a de splendides. Mais ils ne semblent pas très ouverts d'esprit", se désole Ava Gerber, venue de New York présenter ses photographies. Un sentiment que résume le Belge Jean-Jacques Descamps, galliériste à Anvers, venu exposer à Copenhague des objets français et belges des années 1950 : "C'est rigolo, avec les Scandinaves, ils regardent, ils regardent, mais ils n'osent pas!" Une question d'éducation, selon Bjoern Stern : "C'est la première fois qu'ils en voient (des objets non scandinaves), ils n'en ont jamais vus auparavent. Ils doivent s'habituer..." Et l'organisateur du "Copenhagen Modernism Show" d'expliquer que le gros de la population au Danemark et en Suède - la troisième ville suédoise Malmoe, est à une demi-heure de train de l'autre côté du pont - ne formait qu'une grosse classe moyenne, satisfaite de son style scandinave, au demeurant d'excellente qualité. Seule une élite avait accès à d'autres influences alors que le dit style scandinave faisait l'admiration du reste du monde, selon lui.
Cependant, on pouvait presque croire, samedi dans les allées du salon où les prix s'affichaient tant en couronnes danoises et suédoises qu'en euros et en dollars, qu'on aurait pu se passer des milliers de spectateurs venus admirer ces objets qui furent un jour à la pointe du modernisme, et dont la plupart sont encore aujourd'hui furieusement à la mode. "En terme de chiffre d'affaires, ça a été un succès, déjà. Les gens ici ont vendu pour des millions" de couronnes danoises (1 euro vaut 7,40 couronnes), s'enflamme Bjoern Stern, pour qui l'important était surtout d'attirer les "acheteurs sérieux". Et de fait, tous les exposants interrogés par l'AFP se disaient satisfaits du déplacement, pour les affaires avec les professionnels, et les nouveaux contacts qu'ils ont déjà pu nouer. "C'est presque à ce demander pourquoi c'est ouvert au public - surtout trois semaines après les fêtes, alors que les gens n'ont plus trop d'argent -, et surtout pourquoi trois jours durant", osait même un galiériste suédois.
Par Jean LIOU
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