Jean Nouvel entre en scèneBody/Work/Leisure, le spectacle présenté à la Maison des arts de Créteil, est le fruit d'une collaboration entre l'architecte et le chorégraphe Frédéric Flamand.
| © Maison des Arts de Créteil |
La Maison des Arts de Créteil présente jusqu’à ce soir Body/Work/Leisure, la nouvelle création chorégraphique de Frédéric Flamand et de sa compagnie, Charleroi/Danses-Plan K. La scénographie est le fruit d'une collaboration avec Jean Nouvel. Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble à l’exposition d’Hanovre 2000. Là, Jean Nouvel proposait un espace scénique périphérique, en forme d’ellipse, sorte d’échafaudages sur plusieurs niveaux dans lesquels évoluaient les danseurs. Le spectateur se trouvait au centre de la représentation, chose rare dans ce type de spectacle où le rapport se fait généralement de manière frontale.
Ce n’est pas la première fois que Frédéric Flamand s’associe avec des architectes pour explorer les champs du possible et tisser de nouveaux rapports à l’espace. Avant Nouvel, c’est avec l’architecte irako-britannique Zaha Hadid qu’il avait conçu Metapolis, jeux de scènes à partir de vidéos incrustées et de ponts mobiles. Précédemment, avec les New Yorkais Liz Diller et Ricardo Scofidio, il avait développé de nouvelles écritures spatiales en rapport avec le corps en mouvement. Pour Jean Nouvel, ce rapprochement avec la danse est nouveau. Si l’homme est connu pour ses salles de spectacles (Opéra de Lyon, salle de concert de Lucerne, etc.), il n’était pas encore intervenu sur scène.
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La recherche sur les interfaces entre la danse, l'architecture et l’univers audiovisuel se concrétise une fois de plus dans cette œuvre commune. Trois espaces superposés et cloisonnés par une structure mécano supportant des panneaux translucides coulissants. Structures et écrans constituent un ensemble mouvant de cellules, chacune faisant office de plateau scénique. Dans chaque cellule se déroule donc une scène, et des circulations permettent des interactions entre elles sur les deux plans. Par le procédé du «blue screen» (incrustation d’images sur tissus spéciaux), des projections accompagnent simultanément les chorégraphies, leur faisant écho, les illustrant ou reprenant l’action ailleurs et en décalé, ce qui a pour effet de créer l’illusion d’assister à une action en quatre dimensions. L’espace frontal éclate par un processus de transformation continu. La scénographie s’avère très stimulante du point de vue de l’exploitation tant physique que sensible de l’espace. Cette chorégraphie multimédia donne la vision d’un avenir où l’organisation du travail et des loisirs aurait des conséquences sur la perception de notre corps. Si la discrétion de Frédéric Flamand est proportionnelle à la médiatisation de Jean Nouvel, et si leurs travaux ne semblent pas toujours se rejoindre, le fruit de leur travail est une belle expérimentation, rare passerelle tendue entre les arts.
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