Panamarenko, poète pataphysicienArtiste atypique, le belge Panamarenko expose des œuvres majeures et des travaux récents, fruit d’assemblages improbables, à la galerie Durand-Dessert.
| Panamarenko
L'hélicoptère, 1986
ailes : 9 mètres de diamètre
Courtesy Galerie Durand-Dessert |
A 62 ans, Panamarenko vit et travaille à Anvers, où il est né. Après des études à l’Académie Royale des arts d’Anvers, l’artiste expose ses premiers travaux en 1963. Deux ans plus tard, il est l'auteur du premier happening jamais organisé dans sa ville. La deuxième moitié de la décennie sera marquée par la fondation, par l’artiste lui-même, de la galerie Wide White Space, où il présente ses « objets poétiques », la rencontre de Joseph Beuys et son invitation, par le biais de ce dernier, à l’Académie de Dusseldörf pour l’exposition de quelques unes de ses pièces. En 1972, Harald Szeemann, qui l’avait déjà invité en 1969 à participer à l’exposition When Attitudes become Forms, qui fit date dans l’histoire de l’art, lui propose de présenter sa dernière pièce, L’Aeromodeller, à la Documenta 5 de Kassel. En 1984, l’artiste quitte sa ville natale pour effectuer une série de voyages, en Suisse, en Egypte, aux Maldives et en Amazonie, durant lesquels il observe les diverses manifestations de la nature, la faune marine de la Mer Rouge, les oiseaux d’Amazonie, etc., desquels il s’inspirera pour ses œuvres futures.
| Panamarenko
Etude pour Persis Clambata, 2001
Bois, métal, matière plastique, batterie
Courtesy Galerie Durand-Dessert |
Sont ici exposées, de concert, des œuvres majeures réalisées durant les années 70-80 telles que Hélicoptère et ses derniers travaux, parmi lesquels Persis Clambata (2001). Qu’elles soient de dimensions monumentales ou plus modestes, ces pièces sont toutes issues d’assemblages de bric et de broc. Prototypes bricolés, ils partagent tous une même ambiguïté, entre légèreté et pesanteur, un même air pataud. L’hélicoptère, particulièrement mis en valeur par le lieu (l’atrium de plan carré offre un espace suffisamment vaste pour le contenir et la galerie, au premier niveau, permet d’en avoir une vue « aérienne ») parvient à suggérer une impression de délicatesse, une apparence frêle malgré la démesure des hélices. Cette tension entre une attirance vers les hauteurs et l’irrésistible pesanteur de ces objets semble un trait récurrent de son travail.
L’homme, au centre de la création, se trouve «au début et à la fin du processus de production». Dès lors la technique sort de l’objectif productiviste qu'on lui assigne et, réinvestie par l’artiste, se met au service de la liberté. L’œuvre est inclassable, son auteur, on le sait, refuse toute catégorisation, tout enfermement de ses travaux dans un système de références. Malgré cela, une filiation s’impose, celle de Tinguely avec lequel il partage une certaine poétique du bricolage, même si chez lui, la machine n’est pas le produit de détournement d’objets mécaniques préexistants comme chez son aîné mais fabriquée ex-nihilo. Panamarenko pratique « la science des solutions imaginaires » et élabore une œuvre qui émeut par son équilibre fragile.
| Raphaëlle Stopin 08.02.2002 |
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