Sur un air surréalisteAprès l'achat à l'amiable du Nez de Napoléon de Dali par un musée, Sotheby's attend beaucoup de la deuxième édition de sa vente thématique.
| Salvador Dali, La musique ou
l’orchestre rouge, 1957
Estimation : 1,2 /1,5 millions £ |
Après Christie’s hier, c’est au tour de Sotheby’s d’entrer en scène avec une vente du soir où se succèderont impressionnistes, modernes et surréalistes. Ici aussi, le nombre de lots est restreint : 30 œuvres pour la première session, 50 pour la seconde. Mais la comparaison s’arrête là car malgré les importants Monet (Arbres au bord de l’eau, 2,5 millions £), Matisse (Le 14 juillet 1920, 2 millions £) et Léger (Le Siphon, 1,5 millions £), ce sont bien les surréalistes qui sont mis en avant. «Cette vente surréaliste, c’est mon projet depuis longtemps, explique Andrew Strauss. «Ces artistes sont longtemps restés dans l’ombre des impressionnistes et des grands maîtres du 20e siècle. Seule une poignée de collectionneurs très spécialisés s’y intéressaient. Aujourd’hui, le marché manque de belles pièces modernes et l’art contemporain atteint des prix très élevés. C’est vraiment l’heure de faire reconnaître un mouvement pour lequel des œuvres de premier ordre sont disponibles». Disponibles, si on excepte les nombreuses toiles en mains privées qui sont actuellement engagées pour des expositions…
| René Magritte, La leçon
de musique, 1965
Estimation : 200 / 300 000 £ |
Contrairement à, Thomas Seydoux, son homologue chez Christie’s qui attend les résultats pour «voir s’il y a vraiment nécessité de faire une vente surréaliste à part ou si les prix sont déjà à leur apogée», Andrew Strauss semble en effet confiant. Il rappelle l’intérêt manifeste du public dans les affluences-records aux rétrospectives de Rio de Janeiro, Londres et Paris comme dans le record atteint pour une œuvre de Dali en décembre 2000 (Le portrait de Gala, 2,7 millions £). Mais son enthousiasme tient sans doute aussi à la vente à l’amiable qui s’est conclue avant la publication finale du catalogue. Le Nez de Napoléon de Dali, une toile de 1945 estimée à 2,8 millions £, devait être le clou de session de ce soir mais elle a été acquise par un musée qui tient encore à garder l’anonymat.
Les œuvres constituent un spectre assez large du surréalisme, comprenant peintures, objets, photographies, collages, dessins ou assemblages. Parmi les lots les plus attendus figurent Où naissent les cardinaux de Max Ernst (150 000 £), la Leçon de musique de René Magritte (200 000 £) ou une esquisse du Chat de la Méditerranée de Balthus (150 000 £). Et pour remplacer le Nez de Napoléon, une autre toile de Dali, La musique ou l’orchestre rouge, estimée à 1,2 millions £ bien qu’elle ne fasse pas partie de la «vraie période surréaliste» de l’artiste comme se plaisent à le souligner les experts de Christie’s, en la comparant à L’apparition de la ville de Delft qui passait sous le marteau hier soir.
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