Masaccio, Vierge à l'Enfant, 1426.
© London, National Gallery.
| | Le retable de Pise reconstituéL'œuvre démembrée de Masaccio est rassemblée à la National Gallery de Londres, malgré l'hostilité de dernière minute du secrétaire d'Etat italien…
Pour célébrer le 600e anniversaire de la naissance de Masaccio (1401-1428), pionnier de la Renaissance italienne, la National Gallery de Londres a rassemblé les fragments restants du retable de Pise. Cette commande de 1426 pour la chapelle funéraire d’un notaire de Pise, dans l’église Santa Maria del Carmine, est la seule œuvre de Masaccio sur laquelle nous possédions des documents. Grâce à la description du retable dans Les Vies de Vasari, les panneaux survivants ont pu être identifiés. La Vierge à l’enfant, panneau central de l’œuvre appartient à la National Gallery, les autres fragments proviennent de collections de Berlin, Los Angeles, Naples et Pise.
Au tout début du mois de septembre, Vittorio Sgarbi, le secrétaire d'Etat italien à la Culture s'était élevé contre le prêt des fragments à la National Gallery. Il accusait notamment la Grande-Bretagne de ne pas faire acte de réciprocité, en interdisant de sortie des tableaux que des institutions italiennes demandaient en prêt. La polémique a été provisoirement calmée par une déclaration officielle du gouvernement italien, en date du 5 septembre, autorisant le transport des deux panneaux de Naples et de Pise. En marge du débat, Dillian Gordon, la commissaire d’exposition, a répondu à nos questions.
Comment est venue l’idée de rassembler le retable de Pise de Masaccio ?
Dillian Gordon. Nous voulions célébrer le 600e anniversaire de la naissance de Masaccio. Comme nous possédons le panneau principal de son œuvre majeure, nous pensions que cette exposition serait un hommage pertinent.
Depuis quand sait-on que le retable a été démembré ?
Dillian Gordon. Le retable était toujours complet, quand le biographe du 16e siècle Giorgio Vasari le décrivit en 1568. Le panneau avec saint Paul est signalé dans une collection privée au 17e siècle. La Vierge à l’enfant est signalée en 1855, mais elle n’était pas reconnue comme faisant partie du retable, jusqu’à ce que Berenson, en 1907, la reconnaisse comme provenant du retable de Pise.
Est-ce que certaines pièces ont été redécouvertes récemment ?
Dillian Gordon. Aucune nouvelle pièce n’a été mise à jour récemment et les spécialistes travaillent toujours à élucider l’apparence originale du retable.
Les autorisations ont-elles été difficiles à obtenir ?
Dillian Gordon. Nous préparons cette exposition depuis un moment. Exceptionnellement toutes les institutions possédant des fragments ont accepté de nous les prêter pour l’exposition.
Y a-t-il des fragments identifiés que vous n’avez pu obtenir ?
Dillian Gordon. Il n’y a pas d’autres fragments connus que ceux que nous exposons, mais cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas. Mais cela serait très surprenant !
Quels sont les fragments perdus ?
Dillian Gordon. Les saints en pied (Nicolas, Julien, Pierre et Jean-Baptiste) qui étaient présentés de chaque côté de la Vierge à l’enfant au niveau principal ont été perdus. Deux panneaux en pinacle avec des saints en buste et certaines petites figures sur les pilastres ont probablement aussi été égarés.
Les fragments proviennent des collections de musées à Berlin, Los Angeles, Naples et Pise. L’exposition va-t-elle être présentée dans ces lieux ?
Dillian Gordon. Malheureusement, en raison de sa fragilité, le panneau de La Vierge à l’enfant ne peut quitter la National Gallery.
Une exposition sur Giotto et Masaccio s’est tenue à Florence cet été. Collaborez-vous à des événements en Italie, autour du 600e anniversaire de la naissance de Masaccio ?
Dillian Gordon. Nous allons participer à une conférence prévue à l’occasion des célébrations. Actuellement, nous collaborons avec l’Institut des pierres dures de Florence et nous préparons un livre sur les techniques de Masaccio et Masolino avec le musée de Philadelphie.
| Laure Desthieux 13.09.2001 |
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