| Charles Saumarez-Smith |
Comment j'ai métamorphosé la National Portrait GallerySon directeur, Charles Saumarez-Smith, décrit les transformations qui ont affecté le musée londonien et fait tripler sa fréquentation en dix ans. Une réussite en passe de lui ouvrir les portes de la National Gallery…
Vous avez récemment ouvert une nouvelle aile du musée.
Charles Saumarez-Smith, conservateur. Oui. La National Portrait Gallery a été créée en 1876 pour recueillir les portraits des Britanniques célèbres. Le musée s’est beaucoup transformé ces dernières années et l’inauguration, le 4 mai 2000, d’une nouvelle aile en a été un peu le symbole. Elle a été baptisée Ondaatje Wing, en l’honneur de l’écrivain et homme d’affaires Michale Ondaatje, qui a donné 2,7 millions £ pour sa réalisation, sur un budget total de 16,1 millions £. Cela nous a permis d’exposer dans de nouvelles galeries les portraits de l’époque Tudor et du 20e siècle. Nous avons par la même occasion inauguré une nouvelle salle de conférences et un nouveau «Portrait restaurant». Cette transformation architecturale, avec une circulation verticale facilitée par des escalators, a été importante car elle a poussé les gens à davantage fréquenter les salles du haut, où se trouvent les collections historiques (1600-1830) alors que beaucoup demeuraient auparavant au rez-de-chaussée.
Cela a-t-il changé la fréquentation du musée ?
Charles Saumarez-Smith. En 1980, la National Portrait Gallery accueillait 500 000 visiteurs. La fréquentation a crû régulièrement depuis 1994, lorsque nous avons ouvert un nouvel espace au rez-de-chaussée pour exposer les portraits contemporains, là où se trouvaient auparavant des bureaux et la bibliothèque, qui ont déménagé de l’autre côté de la rue. Cette nouvelle disposition a totalement modifié la perception du musée. En 1999, les visiteurs étaient au nombre d’un million. L’ouverture de la Ondaatje Wing a entraîné un accroissement de 20% : nous en recevons aujourd’hui 1,2 million.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Charles Saumarez-Smith. Notre ambition n’est pas d’agrandir encore le bâtiment mais plutôt d’ouvrir une nouvelle collection dans le nord-est de l’Angleterre. Nous sommes en discussion avec le conseil municipal de Durham, une ville au sud de Newcastle, pour créer une collection entièrement consacrée au 20e siècle. Nous y déposerions 250 000 photographies, des archives immenses qui passionnent le public.
Vous êtes un adepte de l’entrée gratuite.
Charles Saumarez-Smith. Toutes les études faites depuis vingt ans en Grande-Bretagne montrent que l’institution d’un droit d’entrée fait chuter la fréquentation de 50%. Le choix de la gratuité nous amène bien sûr à développer nos sources de financement. Actuellement, notre budget d’exploitation est de 7 millions £, dont 5 millions £ proviennent du gouvernement et 2 millions £ de ressources propres (mécénat, librairie). Les Anglais connaissent bien la NPG mais je regrette que les visiteurs étrangers ne soient pas plus nombreux : ils ne constituent que 17% du total et, parmi eux, les Français représentent probablement le premier contingent.
On parle de vous pour diriger la National Gallery, qui est au coin de la rue…
Charles Saumarez-Smith. Ecoutez, la date limite de dépôt des candidatures était fixée au 21 janvier et j’ai transmis la mienne. Il faut maintenant attendre le mois d’avril pour connaître la décision.
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