Lewarde retourne au charbon

Au départ est une association…
André Dubuc. L’Association du Centre Historique Minier a été créée en juillet 1982 à l'initiative des collectivités territoriales, de l’État et des houillères du bassin Nord et Pas-de-Calais. Installé sur le lieu d’extraction de la fosse Delloye, le Centre a ouvert ses portes en 1984. À l'époque, on produisait encore et il s’agissait alors d’anticiper sur l’arrêt des activités déjà amorcé dans les années 70. Durant les huit années qui ont précédé la fermeture, le Centre s’est constitué une collection importante : 13 000 objets, 2,5 km d’archives, 550 000 photographies, 600 films et 7000 ouvrages. Le premier objectif était de conserver la mémoire d’une activité et d’attirer entre 50 000 et 70 000 visiteurs par an.

Pourquoi une restructuration ?
André Dubuc. Dès les années 90, date de mon arrivée au Centre, il était devenu indispensable de revoir les structures d’accueil et de réorienter le contenu culturel. En effet, avec 100 000 visiteurs par an, le Centre a vite été victime de son succès. La nouvelle mission était de créer une vitrine du savoir-faire de l’entreprise houillère. La Direction des Musées de France a lancé une étude sur la restructuration de l’établissement. Le recrutement d’un maître d’œuvre s'est fait en 1999 et il a fallu attendre mars 2000 pour assister au début des travaux. Durant deux ans, les architectes ont mené à bien la première tranche de ce projet : construire un bâtiment en métal et en verre pour respecter l’architecture historique du site, vider les bâtiments de la fosse Delloye des services du Centre et proposer un nouveau parcours sur le thème de l’histoire du bassin minier. Le budget final est de 7,2 millions d’euros.

En quoi cette réorganisation a-t-elle amélioré les conditions de visite ?
André Dubuc. Dans un premier temps, nous avons veillé à rendre la lecture originelle du site. Les aménagements des années 1980 avaient, par exemple, gommé la présence du réseau ferroviaire. Aujourd’hui, cet élément a retrouvé sa place. La surface d’exposition a gagné 4 000 m2 et le confort d’accueil répond à toutes les demandes : salles de réunion, cafétéria, boutique et auditorium de 200 places. Le système de visite est rendu beaucoup plus souple par la répartition des visiteurs sur l’ensemble du site. Auparavant, un circuit unique était imposé, orienté sur l'étude des sciences et techniques. Aujourd'hui, les visiteurs peuvent suivre une visite à la carte qui met l'accent sur le mineur et son travail.

Comment se porte le patrimoine minier ? Des projets pour les années à venir ?
André Dubuc. On a pu constater un très important développement des musées d'art et d'industrie en France depuis vingt ans. J’ai passé mes cinq premières années d’activité au Centre à convaincre les partenaires et les pouvoirs publics qu’il était nécessaire de préserver notre patrimoine industriel. Une image noire collait encore à la région Nord-Pas-de-Calais. Heureusement le soutien et l’intérêt du public nous ont permis de dépasser cette première phase. Aujourd’hui notre place de plus important musée d'art et d'industrie de France, dans le domaine minier, nous ouvre des relations avec le monde entier pour des missions de conseil. Une deuxième tranche de travaux, prévue pour 2003, marquera le redéploiement définitif des collections. Un nouvel espace d’exposition scientifique sera consacré à la géologie, un plateau ethnologique présentera des expositions de longue durée comme le préfigure l'exposition Les femmes de la mine à partir du mois d’avril prochain. Le circuit minier lui-même va bénéficier d’un réaménagement.