Un nouveau record pour VlaminckAvec ses résultats impressionnants, la vente londonienne de Christie's signe la progression du marché de l'art moderne.
| Maurice de Vlaminck, La Seine à Chatou
7,1 millions £ |
«C’était une vente fantastique !» Ce sont les premiers mots de Thomas Seydoux, de Christie’s Paris, pour évoquer la soirée londonienne du 4 février. Les résultats sont en effet impressionnants. Les deux sessions ont totalisé 48,8 millions £ (69 millions $) répartis entre l’art impressionniste et moderne (41,2 millions £, soit 81% des 43 lots vendus et 93% de l’estimation en valeur) et le surréalisme (7,6 millions £, soit 79% des 33 lots vendus et 88% de l’estimation en valeur). «Ce total, c’est un record que nous n’avions pas atteint dans cette catégorie depuis la vente de novembre 1989 qui proposait entre autres La famille de l’acrobate de Picasso. C’est un résultat exceptionnel si on le compare à ceux de novembre dernier, à New-York. En mettant de côté la collection Gaffé d'art moderne, qui présentait un attrait particulier, nous avions totalisé 35 millions $. Quand on sait que les ventes londoniennes sont traditionnellement moins importantes que celles de New York…»
À une autre échelle, ces résultats marquent une tendance plus favorable à l’art moderne qu’à l’impressionnisme. Bien sûr, certaines œuvres des maîtres du 19e siècle ont fait de bons résultats comme Monet avec Les prairies de Limetz (2,9 millions £) ou Renoir avec le Premier pas (4,7 millions £). Mais d’autres lots vedettes n’ont pas tenu leurs promesses, adjugés en dessous de leurs estimations basses comme les Maisons à Valhermeil de Cézanne (2,7 millions £, estimé à 2,8 / 3,5 millions £) ou Mademoiselle Isabelle Lemonnier de Manet (1,6 millions £, estimé 2 /3 millions £). «La sélectivité dont on parle s’est ressentie. Il y a un gros coup de fatigue pour les impressionnistes», continue Thomas Seydoux. «On sent qu’on a atteint un plateau et que le marché est défini… En fait, le changement de goût se confirme. Les acheteurs veulent du moderne, a fortiori, des œuvres colorées qui laissent une belle trace sur le mur. C’est dans ce domaine que l’on continue à évoluer et à trouver de nouveaux collectionneurs».
Les œuvres des coloristes du début du 20e siècle ont en effet connu un grand succès. Trois records du monde ont été atteints : Franz Marc, pour une œuvre sur papier (Deux chevaux, 1,3 millions £), Soutine (Paysage à Cagnes, 1,5 millions £) et Vlaminck avec La Seine à Chatou (7,1 millions £). Cette toile de 1906 avait déjà permis l’établissement d’un précédent record à New York, lorsqu’elle avait été acquise pour 7,2 millions $ par Alain Delon. Autre beau succès, celui remporté par l’Haus in Aasgaardstrand de Munch, adjugé 5,1 millions £, soit plus de cinq fois son estimation basse. Cette œuvre est d’ailleurs symbolique d’un autre phénomène. Elle a été acquise par des collectionneurs privés comme la majeure partie des autres lots. «Pour la première vente de l’année, les marchands étaient timides, ils attendaient de voir comment se porte le marché.»
En ce qui concerne la vente surréaliste, Thomas Seydoux est moins loquace. «Des ventes thématiques comme celles-ci, c’est difficile. Cela a fonctionné car il y a un phénomène de nouveauté mais il est difficile de savoir si c’est vraiment rentable vu le travail gigantesque que cela demande aux experts». D’autant plus difficile que le marché du surréalisme est moins international. Alors que la première session réunissait 63% d’Européens, 31% d’Américains et 6% d’Asiatiques, 85% des lots surréalistes ont été obtenus par des acheteurs européens.
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