Le web se met au vert

Étroitement liée à celle des jardins de Versailles, la notoriété d’André Le Nôtre est évidemment immense. Paradoxalement, elle pâtit de cette association, les créations du plus célèbre jardinier français semblant figées dans le Grand Siècle. Conçu par des architectes, des paysagistes et des historiens, le site officiel de Le Nôtre vient remédier à cela en inscrivant ce patrimoine dans son évolution spatiale et historique. Sept de ses principales réalisations (Chantilly, Meudon, Saint-Cloud, Saint-Germain-en-Laye, Sceaux, les Tuileries et Versailles) sont détaillées, à grand renfort d’images anciennes ou récentes et de plans interactifs… De quoi se rendre compte que les jardins sont tout sauf des réalités immuables. En 11 étapes, on peut suivre les âpres négociations dont les terres avoisinant le domaine de Meudon firent l’objet avant que la grande perspective pût y être tracée. Ailleurs, on assiste à l’altération des ensembles puis à leur restauration, comme dans le cas de la Grande Terrasse de Saint-Germain-en-Laye. Après la suppression de bassins et de jardins bas, la section du grand parterre par une gare ou le percement de la terrasse par un tunnel autoroutier, les années 1990 ont en effet été marquées par la reprise des maçonneries et la reconstitution des alignements d’arbres. D’autres exemples encore illustrent les changements de fonction des jardins. Ainsi, le jardin des Tuileries, d’abord réservé à la cour de Catherine de Médicis, a été progressivement ouvert au public avec sa cohorte de buvettes, de chaises à louer et de sculptures exposées comme dans un musée en plein air.

Cette approche novatrice ne pouvant en aucun cas se substituer à une autre, plus traditionnelle, deux sections permettent de replacer l’œuvre du jardinier dans son contexte historique. Les rares données biographiques connues sont réunies pour tordre le cou aux images d’Épinal qui en ont fait un homme simple et chaleureux plutôt qu’un courtisan subtil et soucieux de sa gloire. On découvre ainsi qu’André Le Nôtre, issu d’une lignée de jardiniers, est né aux Tuileries, le jardin dont son père avait la charge, qu’il a passé plusieurs années dans les ateliers de Simon Vouet ou qu’il était un collectionneur d’art éclairé. Quant aux nombreuses autres sections de ce site très complet, elles permettent de mieux comprendre les contraintes auxquelles le jardinier devait s’adapter, qu’elles soient liées à la topographie des sites ou aux exigences changeantes des commanditaires. Elles permettent également de se familiariser avec les techniques de terrassement, d’hydraulique, d’optique ou de sylviculture mises en œuvre dans ces travaux titanesques. Et donc de mieux apprécier la manière dont Le Nôtre a profondément marqué son art.

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