Arco : les galeristes mettent le cap au sudLa foire madrilène d’art contemporain ouvre aujourd’hui. Elle fête son vingtième anniversaire en présence d'une délégation française nourrie.
| Ricky Swallow, Commemorative
Model, Peugeot Taipan, 1999,
galerie Darren Knight |
Les galeristes français seraient-ils amoureux d’Arco ? La manifestation espagnole, menée d’une main de fer par Rosina Gómez-Baeza depuis 15 ans, est en tout cas considérée par beaucoup comme un passage obligé. «Ce n’est que la seconde année que nous y participons, commente Marcel Fleiss de la galerie 1900-2000 mais nous y revenons car la première participation a été concluante, avec une très bonne fréquentation. Nous avons préparé l’événement pendant un an, en sachant comment faire pour avoir du succès : il faut davantage d’artistes espagnols, davantage de tableaux historiques. Nous avons donc de petits one-man-shows consacrés à Picabia, Bellmer, Man Ray, des dessins surréalistes, des photos des années trente. Et une découverte, qui suscitait déjà la curiosité lors de la mise en place du stand : quatre œuvres du peintre Agero, inconnu aujourd’hui, mais qui a exposé en 1912 dans une fameuse exposition barcelonaise aux côtés de Gris, Duchamp, Léger et Metzinger.»
| Thomas Ruff, d.p.b.01, 1999/2000,
galerie Helga de Alvear
© ADAGP |
«J’ai participé à la première édition et, hormis une interruption entre 1992 et 1996, je n’ai pas manqué une édition d’Arco, précise Chantal Crousel. C’est une foire très attrayante, il y a un grand effort des organisateurs pour mettre sur pied des tables rondes, pour réunir les plus importants commissaires d’exposition, critiques d’art et collectionneurs. Le marché d’art espagnol a ses limites même si l’on voit se développer un public jeune. Mais cette politique fait d’Arco un véritable rendez-vous. C’est aussi l’occasion de rencontrer des collectionneurs sud-américains, qui sont autrement difficiles à contacter.» Si le pays invité est cette année l’Australie (Suisse et Grèce suivront), des approches thématiques sont développées sous l’appellation «Cutting Edges», qui regroupe «Migrations» sur la situation des Caraïbes, «Between the Commercial and the Alternative», qui accueille une délégation scandinave, ou «Cityscapes», dont le commissaire est Jérôme Sans, du Palais de Tokyo, qui se veut une interrogation par les artistes de la situation urbaine. «Nous participons à cette section et exposons Snyder, Gabriel Orozco, Araki, Thomas Hirshhorn, Anri Sala» poursuit Chantal Crousel. A l’opposé, Valérie Cueto participe pour la première fois à Arco «parce que c’est un grand show et que c’est un endroit idéal pour se faire connaître.»
| Destiny Deacon, Freefall, 2001,
galerie RoslynOxley9 |
Catherine Putman corrobore l’analyse de Marcel Fleiss. «Arco est une foire très ouverte, avec un public passionné, enthousiaste mais les visiteurs achètent, en effet, essentiellement espagnol. C’est pourquoi je mets en avant Antonio Saura, avec dix œuvres sur papier dont une Damade 1959, qui est un petit bijou, à 9150 euros. Pour ma galerie spécialisée dans l’estampe et les œuvres sur papier, l’intérêt, à Arco, est que nous ne sommes pas regroupés mais mêlés aux autres stands. Suis-je bénéficiaire ? Les ventes couvrent les frais.» Les 17 participants français, parmi lesquels figurent Marwan Hoss, Patrice Trigano, Templon ou la Galerie de France, ont en face d’eux 235 concurrents et collègues, dont plus d’une centaine d’Espagnols, 14 Australiens, 22 Allemands et 23 Italiens, qui constituent la plus forte délégation étrangère.
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