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Expositions

Le monde animal vu par Barye, Pompon et les autres

De la bête la plus familière à la plus exotique, le musée des arts décoratifs de Bordeaux invite à un voyage tout en sculptures.


A.L. Barye Basset anglais 
Inv.1124. Bronze. H. 12 cm,
Collection Musée des Arts
décoratifs, Bordeaux
© DMB, Photo L. Gauthier
En 1936, le musée d’art ancien, devenu musée des arts décoratifs en 1955 , reçoit le legs Cruse-Guestier. Parmi un grand nombre de meubles et d’objets d’art, il réunit 17 bronzes animaliers de Barye (1796-1875) qui font actuellement l’objet d’une exposition. Autour d'eux, 27 autres sculpteurs du 19e et de la première moitié du 20e siècle sont réunis, illustrant 150 ans de création.

Les 67 œuvres en bronze, plâtre et argent se répartissent sur deux salles : en bas, les animaux domestiques et à l’étage les animaux exotiques. Le style vivant de Barye, chef de file de la sculpture animalière au 19e siècle, s’exprime de diverses façons : l’animal en mouvement comme le Lièvre effrayé ou leTaureau cabré, aux aguets comme le Cerf au repos ou attaquant sa proie avec violence comme le Lion luttant contre un serpent. François Pompon (1855-1933) témoigne quant à lui d’une recherche de la ligne pure : le corps de l'animal est étudié avec précision puis réduit à sa plus simple expression. L’Hippopotame aux contours lisses et ronds ou le Canard debout, tous deux prêtés par le musée d’Orsay, fascinent par leur réalisme épuré.


A.L. Barye Lion luttant contre
un serpent
, Inv.1126. Bronze.
H.13 x  L.16 x P.11cm, Collection
Musée des Arts décoratifs,
Bordeaux © DMB, Photo L. Gauthier
Pour compléter cet ensemble, un prêt exceptionnel du Musée d’Orsay permet d’évoquer l’évolution du genre, de Barye à Pompon. Degas est présent à travers ses représentations de chevaux, caractérisées par cette «digression morphologique» et ce «frémissement», sensibles dans le Cheval au galop sur le pied droit ou le Cheval à l’abreuvoir . Dans un autre registre, le très conventionnel Meissonnier surprend par la force d’expression avec laquelle il a saisi un Cheval au trot. Fait plutôt rare, quatre femmes sont également présentes, toutes liées à la ville de Bordeaux. Parmi elles, Louise Potié avec le Chien couché qui s'inscrit dans la lignée de Barye ou Jeanne Poupelet, dont l’Anon, révèle une influence de Pompon. On retiendra cependant le caractère viril de leurs œuvres. Quant à Rembrandt Bugatti, il n’a réalisé que des sculptures exotiques, comme les Deux Lamas ou les Petites antilopes, déjà présentées il y a un mois à la galerie parisienne Univers.

L’école bordelaise s’illustre enfin à travers des œuvres issues des collections des musées d’Aquitaine et des beaux-arts. Alors qu’Isidore et Rosa Bonheur s’attachent à retranscrire les détails anatomiques des animaux de la ferme, Charles Hairon se libère des détails et fait jouer la lumière. Parmi les dessins qui accompagnent ces sculptures, diverses gravures animalières provenant du musée Goupil et du Museum d’histoire naturelle de Bordeaux jalonnent le parcours, tout comme une œuvre graphique de Barye qui témoigne de la minutie des travaux préparatoires…


 Souad Hali
23.02.2002