Urvoy, bois gravés de BretagnePourquoi le musée de Vannes a-t-il choisi de mettre à l’honneur la production gravée de Jean Urvoy, homme de lettres et artiste breton ? Réponse de Marie- Françoise Le Saux, conservatrice du musée.
| Jean Urvoy, Marine II
© Collection particulière |
Que connait-on de cet artiste ?
Marie-Françoise Le Saux. Jean Urvoy est né à Dinan en novembre 1898. Des études à la faculté de lettres de Rennes, lui ouvrent les portes de l’enseignement. Professeur de français et d’histoire-géographie, Jean Urvoy s’initie au dessin et à la peinture. Dans les années 1920, il rencontre Roger Vercel, prix Goncourt, qui devient à la fois son ami et son commanditaire : Images de la Rance (1934) ou Dinan, ville féodale (1959). Dès 1932, Urvoy commence à participer à des Salons comme le Salon d’Automne ou à l’Exposition internationale de Paris. De 1932 à 1936, il travaille à différents albums gravés : Les Chansons du 18e siècle en 1932 ou pardons en 1936. Si la guerre interrompt sa production, l’artiste autodidacte reprend son activité en 1943. Emile Legros lui fait découvrir la gravure sur cuivre et la lithographie. Il faut attendre 1948 pour que l’artiste se consacre entièrement à sa création. En 1984, il publie Bouts de bois, dernière œuvre avant sa mort en 1989.
Quelle a été la renommée de cet artiste ?
Marie-Françoise Le Saux. En dehors de Dinan, Jean Urvoy n’a jamais été vraiment reconnu. Toutes les pièces exposées au musée de Vannes proviennent de la collection de sa fille, Martine Urvoy. Sur une production de plus de 500 gravures, une grande majorité se trouvent aujourd’hui aux mains de bibliophiles. Outre la peinture, l’eau-forte et la lithographie, la gravure sur bois restait sa technique de prédilection. Le rendu artisanal de ces créations correspondait, non seulement à un mode d’expression mais à un goût pour la matière et le geste. Il est intéressant de constater que les thèmes traités, souvent des personnages au travail, permettent à l’artiste d’associer aux sujets une technique correspondante.
Comment peut-on qualifier son œuvre ?
Marie- Françoise Le Saux. Jean Urvoy est avant tout un autodidacte qui offre un travail homogène et non commercial. Parmi ses œuvres majeures : Saint-Michel-en-Grève illustrant sa ferveur pour les paysages marins, Effets de vagues se rapprochant de l’abstraction ou encore ses gravures sur le cirque (1970). Son style témoigne d’une utilisation très traditionnelle de la gravure dans la lignée des illustrateurs. Sur les 80 œuvres exposées, les scènes de vie populaire et les images de la Bretagne restent les thèmes favoris. La politique d’exposition du musée de Vannes consiste à faire découvrir ou redécouvrir des artistes régionaux. Il n’est pas impossible que nous enrichissions notre fonds de gravures de Jean Urvoy dans les années à venir. La présentation de ses travaux fait écho à notre précédente exposition sur les œuvres contemporaines du graveur sur bois de Douarnenez, Roland Seneca.
| Stéphanie Magalhaes 09.03.2002 |
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