À Bordeaux, un tramway nommé archéoDe récents travaux d’aménagement urbain ont dévoilé un grand nombre de sites, riches de promesses archéologiques.
| Chantier quai des Salinières,
Épave d'un bateau à fond plat, 18e s.
© Patrice Cambra, SRA Aquitaine |
Bordeaux, Burdigala en latin, et plusieurs villes de la communauté urbaine (Lormont, Cenon, Pessac, Talence, Mérignac) sont au cœur de l’actualité archéologique. Le projet de construction d’un tramway et de parkings souterrains a entraîné de lourds travaux en profondeur, révélant la présence d'importants vestiges. Les fouilles de sauvetage, qui devraient s’étaler sur un an, ont fourni le prétexte d'une exposition conçue sur un principe particulier. « Nous présentons au public une exposition évolutive, nous explique Josette Moinet, conservatrice au Musée d’Aquitaine, avec un renouvellement des objets, qui sera calqué sur l’évolution des fouilles archéologiques, jusqu’en mars 2003».
| Chantier quai des Salinières,
Épave d'un bateau à fond plat,
18e siècle © photo : Patrice
Cambra, SRA Aquitaine |
Le parcours s’organise en trois pôles : le premier est consacré au visage ancien de la ville de Bordeaux, avec des gravures du 18e siècle et des photographies couvrant jusqu'au début 20e siècle. Le pôle «objet» présente les découvertes les plus intéressantes, quand leur état de conservation le permet. Enfin, la partie «documentation» est animée par des bornes informatiques consultables sur place, qui proposent au public des pages web avec des textes, des plans, des photographies relatives à ces découvertes. On y voit en particulier les enceintes successives mises au jour : une section romaine de la fin du 3e siècle ap. J.-C., une extension de cette dernière, datant du 12e siècle et une nouvelle, plus large, remontant au 14e siècle. Pour ce qui est des pièces majeures, une stèle gravée et un bas-relief orné d’une guirlande de fleurs, du 2e siècle ap. J.-C., témoignent des pratiques funéraires de l’époque. Une meule de la fin de l’époque médiévale, trouvée à proximité, confirme la présence ancienne de moulins à eau à cet emplacement, où passait un affluent de la Garonne. Une paire de semelles en cuir, datée du 13e siècle, a été restaurée, révélant une fabrication sur mesure. La forme particulière de l’une des semelles a montré que le propriétaire souffrait probablement d’une déformation du pied... De nombreuses pièces d’outillage métallique des 17e et 18e siècles figurent dans l'exposition : une hache, des gaffes et des crocs de bateliers pour accoster, un couteau entier, des lames de dagues et de couteaux…
En prolongement de l’exposition, une présentation en ligne, sur le site de la ville de Bordeaux (www.mairie-bordeaux.fr), offre une information, régulièrement mise à jour, sur les découvertes. Ouvert en même temps que l’exposition, ce site permet de dévoiler d’autres aspects de cette vaste campagne de fouilles. Comme l’indique Josette Moinet «nous avons privilégié des éléments qui ne pouvaient pas être montrés dans l’exposition, comme une embarcation d’environ 15 m de long du 18e siècle, une épave d'un bateau à fond plat de la même époque ou d’autres structures importantes, qui ne peuvent être lisibles qu’à travers une vue d’ensemble».
|