Chagall, l'artiste acrobateHaut lieu du cirque contemporain, Monaco présente une série inédite de gouaches du peintre d'origine russe.
| Marc Chagall, Le Cirque
© Quai Antoine Ier |
En 1957, lorsque Marc Chagall peint cette série de gouaches qui illustrent son recueil de textes et de poèmes, sa passion pour le cirque n’est pas neuve. Enfant, ses journées ont été éblouies par le passage à Vitebsk d’acrobates et de magiciens ambulants. Devenu adulte, il n’a pas renoncé à cet émerveillement, partageant la loge de Vollard, son marchand, au Cirque d’Hiver et entraînant son fils David aux représentations du dimanche après-midi. Au-delà de sa vie quotidienne, son art est marqué par cette fascination. En 1927, il y a eu la série de 19 gouaches, dite Cirque Vollard. Mais surtout, il faut songer aux personnages qui habitent nombre de ses œuvres. «Pour Chagall, le cirque est une métaphore de la vie, comme succession de défis, de déséquilibres, de joies et de tristesses», explique Martine Frésia, la commissaire de l’exposition. «Il est intéressant de se rappeler de la grande peinture conservée à la fondation Maeght. En 1964, Chagall représente «La vie» en figurant des acrobates, des funambules, des équilibristes…»
| Hilton McConnico, Dessin
préparatoire pour la
muséographie
© Quai Antoine Ier |
Ces 38 gouaches réunies dans la salle du quai Antoine Ier à Monaco sont présentées pour la première fois au public. Elles ont été éditées sous une forme lithographiée par Tériade en 1967 mais ne sont jamais sorties de la collection particulière du fils de Chagall, David Mac Neil. Pour les mettre en valeur, Martine Frésia a fait appel à Hilton McConnico. «Nous sortons d’un siècle où les œuvres d’art ont été disséquées, présentées sèchement sur des murs blancs. Nous voulions au contraire restituer l’enchantement propre à un peintre-poète qui s’en est toujours délibérément tenu à la figuration. L’exposition se visite comme on feuilletterait les pages d’un album de souvenirs. Les œuvres sont replacées dans des chapiteaux créés par McConnico. Les œuvres en bleu prennent la place de spectateurs qui seraient installés autour d’une piste. Les gouaches en noir et blanc sont présentées sur des murs rayés dans des encadrements baroques pour rendre le caractère mythique de ces représentations qui évoquent son enfance russe avec mélancolie… Entre ces chapiteaux animés par de la musique et des automates, on trouve des entractes. Ils réunissent des photos de famille ou des œuvres qui n’appartiennent pas à la série comme «L’écuyère» de 1931, symbole du rôle du cirque comme fil d’Ariane dans la création de Chagall.»
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