Helen Levitt, New York, 1942
© Laurence Miller Gallery, New York
| | Helen Levitt, New York au fémininL'artiste, qui radiographie depuis un demi-siècle la société américaine, a enfin droit à sa rétrospective parisienne.
L’oeuvre d’Helen Levitt (née à New York, en 1913) porte pour l’essentiel sur l’univers de la rue, et plus précisément les enfants de Harlem. C’est au début des années 40 qu’elle va réaliser sur ce thème ses images les plus émouvantes, les plus justes ; si bien que le Musée d’art Moderne (MoMA) de New York lui consacre en 1943 une exposition remarquée et de grands magazines comme Harper’s Bazaar lui ouvrent leurs pages. Deux plus tard, elle signe un court métrage extrêmement touchant, “In the Street”, en compagnie du romancier américain James Agee. Helen Levitt renouvelle sa collaboration avec lui et publie en 1965 un livre de référence qui sera régulièrement réimprimé : “A Way of Seing”. Il met en évidence une vision très libre et personnelle, que l’on ne peut pas véritablement qualifier de documentaire, et ces instantanés, car il s’agit bien pour l’essentiel d’une photographie prise sur le vif, témoignent des rapports très proches et très sensibles qu’entretient Helen Levitt avec les gens de la rue. Elle restera une photographe marginale, à l’écart de groupes tels que la Photo League qui réunit pourtant aux États-unis la plupart de ceux qui ont cherché à renouveler le regard sur la ville.
L’exposition du Cnp restitue les principaux aspects de cette oeuvre, y compris le passage au Mexique. Elle ne néglige pas le thème important des graffiti et met en avant le film “In the Street”. Mais il manque dans l’accrochage un souffle, quelque chose de dynamique, alors que le jeu et le mouvement sont si présents dans ces images. Des agrandissements ne parviennent pas à rompre un rythme visuel en fin de compte assez monotone ; la couleur se mélange plus ou moins heureusement au noir et blanc, et les tirages modernes aux tirages d’époque, sans aucune mention. Mais cela ne doit pas empêcher la rencontre avec cette oeuvre attachante et qui a été revisitée récemment grâce à l’intérêt que lui ont porté aussi bien les institutions photographiques classiques : l’International Center of Photography, à New York, que le monde de l’art contemporain : la Documenta de Kassel.
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