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© L'art chinois de l'écriture,
Éditions Seuil / Skira

Sur les traces du calligraphe

Entre techniques du pinceau et étapes de l'apprentissage des calligraphes, Jean-François Billeter initie ses lecteurs à l'art chinois de l'écriture.

En publiant «L’art chinois de l’écriture», le pari de Jean-François Billeter, professeur à l’Université de Genève, était de concevoir un ouvrage permettant à chacun de s’initier à l’art de la calligraphie. Dix ans après, il est réédité, preuve s’il en est que cet objectif a été atteint. La «recette» de ce succès, l’auteur l’expose lui-même succinctement dans la préface. «Pour ouvrir un domaine qui semble impénétrable, il suffit parfois de quelques idées simples que personne n’avait aperçues ou pris la peine de formuler. Ce sont ces idées que j’ai voulu présenter ici, celles qui constituent à mon sens la clé de toute compréhension véritable».

Jean-François Billeter ne choisit donc pas de nous propulser d’emblée dans des considérations philosophico-esthétiques ou de dresser l’histoire d’un art vieux de plus de 2 000 ans. Il aborde la calligraphie sous l’angle de la pratique. Ce faisant, il commence en soulignant les contraintes qui sont inhérentes à cet art, celles de l’écriture chinoise dont les caractères doivent rester lisibles, autonomes et bien agencés ainsi que celles de la technique du pinceau. Puis il s’intéresse aux protagonistes dont il retrace l’apprentissage, le passage de la simple copie des œuvres du maître, le mo, à l’interprétation libre de ces modèles, le lin, puis à l’émergence d’une expression personnelle, projection de l’artiste dans les signes tracés.

Toujours soucieux de faciliter la compréhension, l’auteur a choisi d’illustrer son essai de très nombreuses planches. Ce sont autant d’exemples visuels qui appuient ses parallèles entre l’écriture chinoise et les œuvres graphiques occidentales tout en soulignant l’originalité d’un art que la dénomination de «calligraphie» pourrait inciter à confondre avec la pratique européenne d’une «belle écriture» impersonnelle. La comparaison la plus parlante de toutes reste pourtant celle qui associe l’écriture chinoise à la musique : le calligraphe anime les caractères en leur insufflant sa propre sensibilité tout comme un musicien redonne vie à un air en l’interprétant…


 Zoé Blumenfeld
22.02.2002