PARIS, 20 fév (AFP) - Le Vasa, orgueil de la marine de guerre suédoise au début du XVIIème siècle mais qui avait coulé lors de sa mise à l'eau, renfloué il y a une dizaine d'années, après 333 ans passés sous les eaux, est menacé de détérioration, affirment des chercheurs suédois et américains dans une étude à paraître jeudi dans la revue Nature. Une forte acidité et une montée de sulfates à la surface du bois avaient déjà été observées sur plusieurs parties du navire, exposé depuis 1990 dans un musée édifié à son intention, à Stockholm. Mais, depuis dix ans, écrivent Magnus Sandström, de l'Université de Stockholm, et ses collègues, du soufre et des composés soufrés se sont également accumulés à l'intérieur des poutres. En cas d'oxydation complète, ce soufre pourrait produire plus de 5 tonnes d'acide sulfurique qui constitueraient un danger pour le vaisseau tout entier.
Commandé par le roi Gustave II Adolphe dans les années 1620, le Vasa devait être le navire amiral de la marine suédoise. Le 10 août 1628, le navire était prêt pour son voyage inaugural. Long de 69 mètres, haut de 53, pourvu de 1.275 m2 de voilure et équipé de 64 canons, c'était alors le plus puissant vaisseau de guerre du monde. Le bâtiment hissa les voiles, tira une salve et appareilla. Après quelques minutes, il se mit à donner de la bande de façon inquiétante, malgré le peu de vent. Après s'être légèrement redressé, il s'inclina de nouveau. L'eau s'engouffra par les sabords ouverts et le navire sombra, faisant une cinquantaine de morts.
Trop lourd pour être renfloué avec les techniques de l'époque, le vaisseau entama un séjour de plus de trois siècles sur le sable de la baie de Stockholm, par 32 mètres de fond, oublié, jusqu'à ce qu'il soit localisé en 1956 par un spécialiste d'épaves, Anders Franzén. Le rêve de Franzén - renflouer le Vasa - trouva un écho auprès de la marine suédoise et d'une société de sauvetage. Le 24 avril 1961, le navire apparaissait de nouveau, avec une coque magnifiquement ornée qui, grâce à ses chevilles de bois, avait conservé sa rigidité et n'avait pas subi, comme c'est habituellement le cas, les attaques du taret, ce mollusque de la Baltique qui ronge les bois. Pendant dix-sept ans, le bâtiment fut aspergé régulièrement d'une solution de polyéthylène-glycol, pour raffermir les cellules du bois, et, en 1990, le vaisseau dans toute sa splendeur primitive était installé dans un Musée ad hoc.
Même traités, les bois qui ont été immergés peuvent développer un taux d'acidité élevé et la formation de sel. En juillet 2000, des formations de sel avaient été observés en de nombreux endroits, à l'intérieur des bois du Vasa. Ces endroits sont maintenant plus de 600, dans lesquels les scientifiques ont pu identifier en particulier du gypse, de la melanterite et du soufre. Soufre et sulfates se trouvent dans différents stades d'oxydation, c'est-à-dire de formation d'acide sulfurique. Lors de la restauration du Vasa, 8.500 boulons sont venus remplacer les boulons originaux, rouillés. Or, le fer favorise l'oxydation des sulfures et la dégradation de la cellulose, et probablement du polyéthylène-glycol. Il faut donc remplacer les boulons d'acier par d'autres, en fer ou cuivre neutres. Il faut par ailleurs envisager des traitements susceptibles de mettre un terme à l'hydrolyse de la cellulose, dégradation qui entamerait la rigidité des bois.
par Gérard SEVESTRE
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