Printemps breton chez TajanL'étude parisienne disperse un ensemble de peintures et d'œuvres graphiques réunies par le collectionneur et peintre Jules Paressant.
| Paul Sérusier, Les Ramasseuses
de fougères, 1892
Estimation : 180 / 220 000 € |
Le nom de Jules Paressant est intimement lié à celui des écoles bretonnes d’art moderne. Premier aspect de cette relation, sa carrière artistique. Né en 1917, à Herbignan (Loire-Atlantique), Jules Paressant dissimule longtemps sa passion derrière une réputation bien établie de chirurgien, consacrant son temps libre à peindre, sculpter ou graver des séries consacrées aux jardins, aux rochers, aux écluses ou aux régions du littoral atlantique. Ce n’est qu’en 1985, alors qu’il est déjà âgé de 68 ans, que son travail éclate au grand jour lors d’une rétrospective du musée de Pont-Aven. Pourtant, si ses œuvres sont bien cotées sur le marché, Jules Paressant s’était surtout fait connaître dans le milieu fermé des collectionneurs. «C’était un fanatique de l’école de Pont-Aven», explique Bruno Jansem, spécialiste de l’art moderne de Tajan. «Il collectionnait tout ce qui y touchait en matière de peinture, d’œuvres graphiques, d’objets et même de documentation, achetant lors de ventes publiques ou échangeant avec d’autres collectionneurs spécialisés».
| Maurice Denis, La danse (Éternel
été, Wiesbaden), vers 1905
Estimation : 150 / 180 000 € |
Les 70 lots qui figurent au catalogue avaient été déposés par l’artiste au musée de Pont-Aven depuis une quinzaine d’années. À la suite de son décès, l’été dernier, ils sont aujourd’hui mis en vente par sa famille. De nombreux peintres sont représentés, avec des œuvres très caractéristiques de la première période de l’école de Pont-Aven, antérieure aux années 1896. On trouve ainsi les Ramasseuses de fougères de Paul Sérusier, une toile de 1892 caractéristique de la période pendant laquelle le futur «nabi à la barbe rutilante» se retira à Huelgoat (180 000 €). Cette peinture rappelle directement celle qui a été mise en vente le 14 décembre dernier par l’étude Piasa, Bretonnes, réunion dans le bois sacré. Selon Bruno Jansem «C’était une toile un peu plus spectaculaire mais elle était moins belle et plus facile». Remarque singulière quand on se rappelle que l’expert de Piasa, Patrice Jeannelle-Muhl, redoutait l’austérité de l’œuvre finalement emportée pour plus de 2,7 millions de francs.
Parmi les autres œuvres attendues figurent celles de divers amateurs. Dans la continuité de la collection Paressant, la plupart sont consacrées aux peintres de Pont-Aven. Ainsi, la Côte sauvage du Pouldu du breton Maxime Maufra (30 000€) ou les Fleurs des champs dans un vase de céramique de l’irlandais Roderic O’Connor (120 000 €), un artiste recherché des collectionneurs américains et britanniques. D’autres viennent souligner les prolongements de cette communauté d’artistes, comme la très nabie Danse de Maurice Denis, l’une des deux versions existantes de la toile conçue pour la décoration du salon de musique de M. Mutzenbecher (150 000 €). La vente se clôturera sur un ensemble d’œuvres surréalistes qui font écho à la grande rétrospective du centre Pompidou dont le Torse d’homme d’André Masson, pendant masculin de l’Armure conservée au musée PeggyGuggenheim de Venise (120 000 €).
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