Une nouvelle galerie pour l’art contemporainCe 8 mars ouvrait Noirmont Prospect, lieu voué par Jérôme de Noirmont à la découverte et à l’exposition de nouveaux talents. Petite visite.
| Jurgen Ostarhild. Überbabes
series.Sérigraphie sur
aluminium, éditée à 5 ex.,
numérotés de 1/5 à 5/5,
signée, datée, titrée et
numérotée au dos.
88 x 66 cm © Jurgen Ostarhild.
Courtesy Noirmont Prospect,
Paris.
© ADAGP |
Située rue Jean Mermoz, à deux pas de l’avenue Matignon et de la galerie mère, ce nouveau lieu se veut l’incarnation d’une volonté différente, celle de donner une plus large audience aux noms encore méconnus de la scène contemporaine et de susciter des vocations de collectionneurs. Les œuvres exposées, d’artistes n’appartenant pas encore au cercle des «confirmés», seront en effet plus accessibles et oscilleront entre 200 et 10 000 euros. Cinq expositions individuelles se dérouleront sur l’année, pour la plupart des premières expositions. Le lieu est de facture sobre, sorte de white cube dont la neutralité assure une liberté maximale à l’artiste. L’espace est ainsi modulable. Techniquement équipé pour les installations vidéo et multimédia, il est apte à recevoir toutes les formes d’expression contemporaines. Les coûts de production étant désormais souvent élevés, la galerie concentrera son soutien financier sur la création elle-même et ne mènera pas d’activité d’édition, trop coûteuse. La direction de ce nouvel espace a été confiée à Vincent Boucheron, collaborateur d’Emmanuelle et Jérôme de Noirmont depuis cinq ans.
Noirmont Prospect nous fait découvrir, au travers de son exposition d’ouverture, les récents travaux de Jurgen Ostarhild, né en 1956 et connu en tant que photographe de mode. Uberbabes, première exposition personnelle de l'artiste se compose de trois ensembles : une série de 10 sérigraphies sur aluminium, chacune tirée à 5 exemplaires, une installation vidéo et 50 œuvres virtuelles à consulter sur le site internet de la galerie. Comme à son habitude, Ostarhild investit le terrain de la technologie digitale. Ces images ne sont pas empruntes du réel, mais fruits d'un mixage d'images numériques. Entièrement recomposés, ces visages androgynes sont de pures créations, abstraites de notre réalité. Tous jeunes et beaux, ils semblent être les projections d'un troisième sexe à venir, l'idéal de la beauté du futur. Ce travail s'inscrit dans la droite lignée des problématiques artistiques les plus contemporaines, dont celle relative au corps, désormais matériau malléable et outil de la (re)construction de l'identité. "Picture Jockey" , Ostarhild mixe à la manière d'un DJ, et exploite à plein les potentialités des nouvelles technologies. Une installation vidéo constituée d'un pilier surmonté d'un moniteur Apple repeint, diffuse sans interruption des visages construits au moyen d'un logiciel composant ces images de manière aléatoire à partir d'une base de données informatiques. L'objet est ici complétement autonome et s'auto-génère. Ces propositions virtuelles trouvent leur logique prolongement dans le dispositif proposé par l'artiste en collaboration avec la galerie. 50 œuvres inédites et uniques sont proposées sur le site, ni téléchargeables, ni imprimables, elles sont effectivement virtuelles. Une fois l'achat effectué, pour une somme de 200 euros, celui-ci est validé par une carte à code confidentiel donnant à son détenteur, un accès exclusif à l'œuvre. La carte attestant de la propriété de l'œuvre vaut l'œuvre suivant un procédé emprunté à l'art minimal et conceptuel et inauguré par Donald Judd ou encore Sol LeWitt. Du choix de l'artiste au mode de vente, Noirmont Prospect explore les nouvelles contrées de l'art contemporain. A suivre…
| Raphaëlle Stopin 14.03.2002 |
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