Les falaises de Stéphane-Erouane DumasUn peintre normand réinvente le paysage. Sa première exposition belge est magistrale.
| Stéphane-Erouane Dumas,
Falaise et Végétation, 2001,
huile sur toile, 130 x 195 cm
© Galerie Fred Lanzenberg |
«Il se peut que notre vision actuelle soit faussée, que la peinture n'ait jamais été aussi intacte, aussi sûre d'elle-même». Cette phrase extraite des carnets de l'un des artistes les plus médiatisés actuellement, l'allemand Gerhard Richter (né en 1932, célébré par le Museum of Modern Art de New York en ce moment), convient au monde de Stéphane-Erouane Dumas. Un monde apparemment classique, serein, inoffensif... Encore que le dernier sujet auquel ce peintre se soit attelé, la falaise, ait tout pour épouvanter. Mais à mieux y regarder, les pans de pierre et de terre que peint cet artiste discret, depuis quelques années, distillent d'étranges sensations. Pétries de précision et d'émotion, voilà d'étranges rochers, simultanément intimidants et complices. Il n'en finit pas de se faufiler parmi les anfractuosités, de s'accrocher aux herbes folles nichées, d'imaginer ici un repaire, là un vertige... Les brumes laiteuses qui nimbent le tout lui insufflent un romantisme délicat. Une poésie rare.
Depuis quinze ans, Stéphane-Erouane Dumas (né en 1958) observe les marées basses de sa chère Normandie, aux alentours de Saint-Valéry-en-Caux. Depuis quinze ans, tel un impressionniste, il choisit un rocher, s'assied dessus, dessine la terre à marée basse, les arabesques des algues, les reflets des gouttes... Tout ce qui symbolise la mémoire de l'Immense. La Galerie Koralewski (Paris) avait été la première, il y a dix ans, à lui donner sa chance. Depuis, les dessins et les toiles qui se succèdent n'en finissent pas d'affiner un dialogue privilégié et intemporel avec la Nature. La Modernité ? La Oost-Modernité ? Dumas n'en a cure. Seule importe pour lui la Peinture. Sans doute est-ce pour cela que la contemplation de ses œuvres provoque un tel ravissement.
| Françoise Monnin 15.03.2002 |
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