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Politique culturelle

L’art entre à l’hôpital

Aujourd’hui et demain, 150 hôpitaux de France ouvrent leurs portes pour montrer les liens qu’ils ont tissés avec le monde de la création contemporaine.

Leur intitulé est un peu long et pompeux - «Premières journées nationales de la Culture à l’Hôpital» - mais leur organisation a une forte valeur symbolique. Elle officialise en quelque sorte l’entrée de l’art à l’hôpital. Cela fait longtemps que des médecins défendent son rôle bénéfique dans le cadre d’accompagnement des soins ou soulignent ses effets thérapeutiques. Mais jusqu’à présent, les expériences sont restées isolées : si l’hôpital Charles Foix d’Ivry accueille depuis quelques années des artistes en résidence et même une biennale, si l’hôpital Bullion, dans les Yvelines, fait construire des totems pour les enfants malades, beaucoup d’établissements conservent une attitude prudente voire méfiante face à l’intervention de créateurs dans leur enceinte. Les rencontres européennes de la culture à l’hôpital, qui s’étaient tenues à Strasbourg en février 2001, ont sans doute joué un rôle de catalyseur.

Ces premières journées réunissent plus de cent cinquante hôpitaux à travers le pays, avec, en guise d’ouverture internationale, la participation de l’hôpital de Genève. On pourra assister à des concerts en service gériatrique, à des spectacles de clowns en service pédiatrique, à des expositions, à des déclamations de comédiens, etc. Toutes les spécialités médicales sont concernées et un grand nombre de pratiques artistiques, de la vidéo à la poésie, de la danse à l’écriture. Depuis quelques années, des partenariats se sont mis en place entre hôpitaux et structures culturelles. Au départ concentrés en pédiatrie et en psychiatrie, ils se sont diversifiés. A tire d’exemple, on peut citer ceux qui lient l’Institut Curie et le théâtre du Chaudron, l’hôpital de Quimper et le théâtre du Finistère, les hôpitaux universitaires de Strasbourg et l’école Graine de Cirque. Ces accords voient parfois intervenir un monument (jumelage entre les instituts médicaux de Huttenheim et de Diebolsheim et le château du Haut-Koenigsbourg) ou un musée d’art contemporain (les Abattoirs de Toulouse, associés à l’hôpital Saint Joseph de la Grave).

Une autre formule est également expérimentée, suite à la convention culture-santé du 4 mai 1999. Elle associe les agences régionales de l’hospitalisation et les directions régionales des affaires culturelles. Au 13 mars 2002, dix régions avaient signé ce type de convention, dont le budget national devrait être de 700 000 euros pour cette année et qui ont pour objet de promouvoir la pratique culturelle en milieu hospitalier. Enfin, les entreprises privées sont mises à contribution avec un Cercle des Partenaires, créé en mars 1998. Ses membres s’engagent à conclure plusieurs jumelages avec des établissements et à financer les programmes qui en découlent à hauteur de 30%, soit une moyenne de 4600 euros par jumelage.


 Rafael Pic
15.03.2002