Par amour de l’art… graphiqueEn parallèle au Salon du dessin, la galerie Laurentin propose à ses visiteurs une sélection originale.
| Maurice Denis, Jeunes femmes
aux bouquets, 1890-1894
Pastel et aquarelle
© Galerie Antoine Laurentin |
Au 65, rue Sainte-Anne, à quelques mètres de la Bibliothèque nationale, la galerie Laurentin expose quelques chefs-d’œuvre de l’art graphique loin du tumulte du Salon du dessin. Pourquoi Antoine Laurentin n’a-t-il pas rejoint les salons Hoche cette année encore ? «Les places tournent ! Si j’ai participé à l’événement durant cinq ans, je déplore cette année de ne pas y avoir été invité. C’est pour cela que j’ai choisi de monter cette exposition.» Les trente-quatre œuvres exposées présentent un panorama de la création artistique des années 1880 à 1960, toutes techniques confondues. «Je n’achète que ce que j’aime, en essayant quand même de proposer un éventail cohérent au niveau des époques et des styles. On trouve ainsi des artistes célèbres et d’autres moins connus. Mon seul critère reste la qualité».
| Enrico Prampolini, Masque,
1921Gouache
© Galerie Antoine Laurentin |
Parmi les pièces majeures de l’exposition, les Jeunes femmes aux bouquets de Maurice Denis (43 000 €). Particulièrement représentative de la période nabie, cette œuvre séduit par les couleurs, le sujet, la vivacité du trait qui cerne les personnages. Outre la qualité plastique de ce pastel, sa provenance (famille Denis) ne fait qu’ajouter à sa valeur. «Ce dessin a participé à toutes les expositions du "Nabi aux belles icônes"». À ses côtés, une autre provenance illustre : le Profil de jeune breton (54 000 €), aquarelle et gouache de Charles Laval. Acheté par Emile Bernard, sa présence est signalée dans la «Société de la Peau de l’ours» (groupement d’artistes achetant des œuvres contemporaines entre 1890 et 1910) avant de figurer dans la collection Maurice Denis. «Disciple le plus proche de Gauguin, il participa avec lui au voyage au Panama. Cette œuvre révèle l’influence du maître. À la rareté de sa production s’ajoute la disparition de la quasi-totalité de ses travaux.»
Le Breton d’Emile Bernard (6000 €), daté de 1888, illustre la période que l’artiste qualifie de «synthétisme». Réduit à sa plus simple expression, ce dessin au fusain témoigne de la quintessence de l’esprit de Gauguin. La vigueur du trait et la simplicité de la forme participent de la modernité de l’œuvre. Tandis que Marthe cousant de Maurice Denis offre au visiteur le versant intimiste de l’artiste, la Méditation d’Henri Martin et la Femme nue de dos de Lucien Lévy-Dhurmer traduisent la tendance symboliste des années 1900. Dans un style complètement différent, Masque (40 000 €) du futuriste Enrico Prampolini : conçu pour un spectacle au Stavovske Divadlo de Prague, en 1921, ce projet a ensuite été présenté à toutes les expositions futuristes du début du siècle. Composée de formes géométriques simples et de couleurs vives, cette gouache est considérée comme le manifeste du courant artistique. Le lavis d’encre, Paysage, d’Alfred Manessier, de 1959, et le crayon, Seated mother and child(1971-1977) d’Henry Moore clôturent l’exposition.
| Stéphanie Magalhaes 22.03.2002 |
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