| Pino Guidolotti, Villa Foscari,
dite la "Malcontenta" |
Palladio, l’esprit des villasComment un petit tailleur de pierre de Padoue est-il devenu le plus célèbre architecte du monde ? Un ouvrage en forme de catalogue raisonné apporte des réponses.
Pour le grand public, Palladio (1508-1580) est devenu synonyme de villa. La villa palladienne est née à Vicence, s’est développée le long de la Brenta, un canal colonisé par les riches patriciens vénitiens, puis s’est répandue dans le monde entier, du Sussex aux plantations de tabac de Virginie. L’architecte serait-il devenu une «marque» aussi universelle s’il avait gardé son nom d’origine, Andrea di Pietro ? Son protecteur, l’érudit Trissino, se révèle un extraordinaire conseiller en marketing lorsqu’il lui conseille de prendre un patronyme inspiré par la déesse Pallas… Comme le rappelle l’introduction, le rôle de Trissino est allé plus loin puisqu’il a servi de relais entre les idées développées dans les premières villas médicéennes et ce qui sera porté à la perfection par Palladio : la hiérarchisation précise des différentes pièces, le placage sur l’édifice d’une façade de temple antique, l’emploi extrêmement rigoureux des différents ordres, liés entre eux par des règles géométriques intangibles : du préfabriqué avant l’heure !
Le premier pronaos apparaît sur la villa Chiericati, à Vancimuglio, avant de s’épanouir sur la Rotonda et la Malcontenta, deux de ses réalisations les plus célèbres. Mais Palladio avait déjà inventé un autre motif appelé à un succès planétaire : la fenêtre dite serlienne. Cet arc bordé par deux baies rectangulaires rythme l’ensemble du Palazzo della Ragione à Vicence, sa première œuvre majeure (il conçoit le remaniement de cette «basilique» à la romaine dès 1542) et celle qui contient en germe tous les développements futurs.
Les photographies de Pino Guidolotti accompagnent pertinemment les propos de Howard Burns, Guido Beltramini et Antonio Padoan, tous spécialistes avérés de l’architecte puisqu’ils dirigent le centre Palladio de Vicence. La basilique vicentine bénéficie d’un traitement privilégié avec des clichés rapprochés qui rendent la texture de la pierre, le jeu des lignes, de l’ombre et de la lumière. Si la bibliographie est très complète, on regrettera l’absence d’une chronologie détaillée. Pour le reste, les fiches sur chacune des constructions de Palladio montrent qu’il a abordé avec le même sérieux les couvents (celui de San Giorgio à Venise, avec son escalier étourdissant), les églises (des Zitelle à Venise), les théâtres (l’Olimpico à Vicence, achevé par Scamozzi), les ponts (à Bassano del Grappa) ou les simples granges à foin…
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