Friedhelm Hütte : «La Deutsche Bank possède la première collection d’entreprise au monde»

Comment la Deutsche Bank a-t-elle constitué cette collection ?
Friedhelm Hütte, directeur de la collection de la Deutsche Bank. Nous avons réellement commencé en 1979. Jusqu’alors, nous acquiérions des œuvres mais sans concept directeur. Nous avons adopté deux idées. Nous voulions d’abord compléter la collection de classiques modernes en nous concentrant sur les principales étapes de l’art moderne germanique, le Bauhaus, die Brücke, der Blaue Reiter, et sur le travail d’artistes comme Delaunay et Mondrian qui ont eu un impact important sur l’art allemand. D’autre part, nous avons décidé de nous concentrer sur l’art contemporain et sur les jeunes créateurs.

Quelles ont été les autres étapes de cette évolution ?
Friedhelm Hütte. En 1995, nous avons monté une grande exposition pour présenter les chefs-d’œuvre de la collection moderne en guise de point d’orgue. Depuis, nous nous consacrons exclusivement à l’art contemporain. Il faut signaler un autre changement assez significatif. Lors de la réunification de l’Allemagne, nous avons pu nous intéresser à la création de l’ancienne Allemagne de l’Est, ce qui jusqu’alors était non seulement impossible mais en plus interdit par l’État. Depuis, nous voyageons beaucoup là-bas même si depuis trois ans, nous nous sommes ouverts à l’art international, pour suivre une évolution parallèle à celle de la banque.

Quels sont les critères d’acquisition ?
Friedhelm Hütte. Nous achetons plusieurs centaines d’œuvres tous les ans. Ce sont exclusivement des œuvres sur papier (photographies ou œuvres graphiques) d’artistes contemporains ayant une certaine «qualité». Les achats sont menés depuis nos bureaux principaux situés à Francfort, ou par l’intermédiaire de nos correspondants qui travaillent à Londres, New York…

Combien d’œuvres compte aujourd’hui la collection ?
Friedhelm Hütte. Nous possédons actuellement près de 50 000 œuvres sur papier ce qui fait de nous la première collection d’entreprise au monde. Elles sont exposées dans nos bureaux et dans ceux de nos succursales.

Quels sont vos autres domaines d’activité ?
Friedhelm Hütte. D’une part, nous organisons des expositions temporaires comme Teamworks en France. La plupart sont itinérantes et amenées à voyager à l'étranger. D’autre part, nous sommes associés depuis 1997 avec la fondation Solomon R. Guggenheim. Nous montons ainsi quatre expositions par an dans un hall qui nous est consacré, à l’intérieur du Deutsche Guggenheim de Berlin. Enfin, nous finançons chaque année la création d’un «Moment», un projet artistique dans un lieu à chaque fois différent. Il s’agit pour nous de prendre en compte l’évolution de la scène artistique extérieure aux musées en réalisant les rêves d’un artiste. Avec toujours l’idée d’une œuvre éphémère, dont il ne restera rien. Nous avons débuté en mai dernier à Francfort avec l’installation Shipped ships de l’artiste turque Ayse Erkmen. Cette année, l’allemande Karin Sander interroge la diversité linguistique des New Yorkais avec Word search. Plus tard, ce seront Tobias Rehberger ou Jenny Holzer à Singapour.