Markus Raetz, Kontur, 1987
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Daniel Tremblay, Sans titre, 1982
| | Trompeuse réalitéA la fondation Guerlain, la collection Fuchs met en avant Markus Raetz et Daniel Tremblay.
Daniel et Florence Guerlain ont décidé de confier les murs de leur fondation des Mesnuls à un couple de collectionneurs réputés d’art contemporain, Marie-Françoise et Gilles Fuchs, afin qu’ils y présentent une partie de leur collection. Sous le titre «Passeurs de rêves», leur choix s’est arrêté à deux artistes aux affinités poétiques évidentes, Daniel Tremblay et Markus Raetz. Deux hommes calmes et discrets, un brin romantiques, qui eurent la chance de se croiser dans le giron accueillant de la galerie Faridet Cadot avant que, malheureusement, Daniel Tremblay ne nous quitte accidentellement et beaucoup trop tôt, à l’âge de 35 ans, sous un ciel étoilé, le long d’une route de campagne, un soir d’avril 1985.
Dans la première salle qui lui est entièrement réservée, sur le grand mur de gauche, on est tout surpris de se retrouver face à un rateau en fer de couleur rouge - celui dont les jardiniers utilisent généralement la main griffue pour débarrasser la pelouse de ses feuilles - et qui creuse dans le ciel, du geste auguste du semeur, un nuage dont s’échappe, comme dans le sillage d’une comète ou d’un avion, une impressionnante pluie d’étoiles qui scintillent généreusement, telle une nuée de diamants, sur l’écran vierge de nos rêves les plus fous. Tout un travail sur le regard et les illusions des sens, où l’on peut voir un simple objet du quotidien - un vulgaire rateau de supermarché - par une alchimie subtile, quitter soudain le réel pour se transformer en une comète incandescente. Au point de parvenir à nous persuader de la fragilité définitive des choses.
Mêmes inflexions, tout aussi poétiques, dans la seconde salle consacrée à Markus Raetz où l’on retiendra cette silhouette harmonieuse d’une femme nue, représentée à hauteur de hanches, et qui semble vibrer comme un buisson ardent mais dont on comprend un peu tard, lorsqu’on vient la flairer de près, que ce n’est pas la main du peintre qui l’a peinte mais des brindilles de bois qu’il a ramassées à dessein dans la forêt d’à côté. Deux beaux artistes et deux belles occasions de douter de ce que l’on croit voir, et du langage qui sert à nommer.
| Valère Bertrand 12.03.2002 |
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